« Wir schaffen das »… »Nous y arriverons »… cette phrase, devenue culte, a été prononcée par Angela Merkel pour la première fois le 31 août 2015, alors qu’elle était chancelière, à un moment où l’Union européenne faisait face à une affluence record de réfugiés.
Rien qu’à elle seule, l’Allemagne a vu entrer plus d’un million de réfugiés sur son territoire en 2015 et 2016 au pic de la crise des migrants alimentée notamment par la guerre en Syrie. La chancelière avait essuyé par la suite des critiques pour avoir assuré que le pays parviendrait à relever ce défi, à accueillir tous ces déplacés.
Et la mission n’a pas été simple… il a fallu s’organiser pour loger les réfugiés, mettre en place des programmes d’intégration pour qu’ils puissent vivre et travailler décemment dans le pays.
« Un grand courage »
C’est pour son engagement à aller jusqu’au bout de sapolitique migratoire, en dépit des obstacles, qu’Angela Merkel est récompensée aujourd’hui. Un prix qui souligne donc son engagement à accueillir et protéger les demandeurs d’asile.
Filippo Grandi, le patron du HCR, a salué la détermination de l’ancienne dirigeante à protéger les demandeurs d’asile et à défendre les droits humains. Selon lui, « en aidant plus d’un million de réfugiés à survivre et se reconstruire, Angela Merkel a montré un grand courage moral et politique ».
Dans un communiqué il dit ceci : « C’était un vrai leadership faisant appel à notre compassion à tous, restant ferme face à ceux qui prêchaient la peur et la discrimination. Elle a montré ce qui peut être accompli lorsque les politiciens suivent la bonne ligne de conduite et œuvrent à trouver des solutions aux défis mondiaux plutôt que de simplement en transférer la responsabilité à d’autres ».
Un autre regard
Si la politique migratoire d’Angela Merkel a fait l’objet de critiques, le regard de nombreux Allemands sur le sujet à depuis évolué. En dépit de la montée des nationalistes, beaucoup voient désormais l’immigration comme l’une des solutions face aux problèmes démographiques et économiques de l’Allemagne.
Ils estiment par exemple que l’immigration peut contribuer à équilibrer la population vieillissante du pays et financer le système de retraites. Nombreux sont également ceux qui considèrent que l’arrivée de migrants pourrait compenser la pénurie actuelle de travailleurs qualifiés.
Le comité de sélection qui a porté son choix sur Angela Merkel a souligné par ailleurs qu’en plus de protéger des personnes fuyant la guerre, elle a été la force motrice derrière les efforts collectifs allemands pour recevoir et intégrer les réfugiés.
Le prix Nansen est attribué chaque année. Il a été créé en 1954 en l’honneur du premier Haut-Commissaire de l’Onu aux réfugiés, l’explorateur arctique norvégien et humanitaire Fridtjof Nansen (1861-1930). Ce prix récompense des accomplissements exceptionnels dans le domaine humanitaire. (dw.com)