Le chef de l’État camerounais célèbre ses quatre décennies à la présidence ce 6 novembre, il détient ainsi quasiment le record de la longévité au pouvoir.
Paul Biya, que l’on dit volontiers nonchalant, est-il un marathonien à la vocation de recordman ? Il y a quelques semaines, au décès de la reine britannique Elizabeth II à l’âge de 96 ans, 4 mois et 17 jours, le président camerounais devenait, à 89 ans et demi, le chef d’État le plus âgé de la planète, devant Michel Aoun qui, depuis, a quitté le palais présidentiel libanais.
Il n’est qu’un collègue africain du Camerounais pour lui barrer la route d’un second record, celui de la longévité au pouvoir. « Petit frère » de presque une décennie et candidat à un nouveau mandat, l’Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema enregistre plus de 43 ans au pouvoir. Ce 6 novembre, ce n’est qu’un quarantième anniversaire que célèbre Paul Biya à la tête du Cameroun. Mais déjà chargé de mission à la présidence en octobre 1962 sous Ahmadou Ahidjo, c’est en réalité 60 ans que fête le chef de l’État camerounais sous les arcanes du palais, dont sept à la tête du gouvernement. Si l’on s’en réfère à la pyramide des âges, plus de 80 % des Camerounais n’ont pas connu d’autre président de la République.
Aucun découragement
Pour « les 40 ans du Renouveau », le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) annonce des « réjouissances festives » à la gloire du leader, des témoignages mais aussi des « moments de réflexion », à commencer par un ouvrage « hautement scientifique » de près de 500 pages et 35 co-auteurs. Certaines sources du parti présidentiel évoquent même « une décision inattendue ». Difficile de renouveler l’exercice des anniversaires, si l’on veut être original. L’année dernière, c’est une chanson qui avait été composée à la gloire de Paul Biya…
Solennité commémorative rime avec déclarations emphatiques mais aussi vœux de longévité. Et comme il s’agit d’un anniversaire au pouvoir, la question de la longévité au pouvoir est de mise. Les proches du magistrat suprême rêvent, les yeux ouverts, d’un huitième mandat consécutif. Le président aura 92 ans en 2025, l’année de la prochaine élection présidentielle, et 99 à l’issue d’un éventuel futur nouveau septennat…
Le poids des années ne découragerait pas le chef de l’État camerounais, si l’on en croit ses déclarations lors de la conférence de presse commune avec Emmanuel Macron, en juillet dernier : « Quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informés si je reste ou si je rentre au village. » Et le président presque nonagénaire de naviguer entre suspense humoristique, division chronique de l’opposition, loyauté de l’armée et logorrhée hagiographique de ceux qui vivent à l’ombre de son régime… (Jeune Afrique)