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France : Jordan Bardella succède à Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national

Jordan Bardella, déjà président par intérim du Rassemblement national, a été investi samedi président du parti d’extrême droite, succédant ainsi à Marine Le Pen. Cette transition survient dans un contexte difficile pour le RN après l’exclusion temporaire de l’un de ses députés.

Pour la première fois en 50 ans, le Rassemblement national ne sera pas dirigé par un Le Pen : Jordan Bardella accède samedi 5 novembre à la présidence du RN. Il a été élu avec près de 85% des voix contre Louis Aliot. 

L’eurodéputé de 27 ans, qui doit prononcer un discours en fin de journée, a indiqué à plusieurs reprises qu’il entendait soutenir une nouvelle candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2027. Ce changement à la tête du parti d’extrême droite permettra à Marine Le Pen de se concentrer sur l’Assemblée et ses ambitions élyséennes intactes.

Mais l’exclusion d’un député RN pour des propos jugés racistes vient perturber l’intronisation attendue. Le RN semblait rattrapé par ses vieux démons lorsque ses députés, Marine Le Pen comprise, ont été les seuls vendredi à rester assis au moment du vote dans l’hémicycle de l’exclusion temporaire de Grégoire de Fournas, élu de Gironde, après la vague d’indignation suscitée par ses propos jugés racistes.

La stratégie de banalisation du parti, qu’a promis de poursuivre Jordan Bardella, s’en trouve ébranlée. D’autant que le député sanctionné a régulièrement affiché son soutien au candidat.

Il s’agit pour Marine Le Pen de se libérer des tâches internes parfois ingrates, alors que l’épicentre du RN se trouve désormais à l’Assemblée nationale, où la députée du Pas-de-Calais rayonne sur un groupe de 89 élus et consolide plus que jamais son assise politique et médiatique.

Délestée de l’intendance du RN, notamment de l’épineuse équation financière, elle pourra peaufiner une quatrième candidature à la présidentielle dans cinq ans, que personne dans le parti n’ose remettre en cause.

Jordan Bardella, lui, va devoir trouver sa place, alors que le parti a souvent réservé un sort cruel à ses numéros deux – « le destin de dauphin est parfois de s’échouer », avait résumé en son temps Jean-Marie Le Pen.

Il a pour lui d’avoir connu une fulgurante ascension, entamée en 2019 lorsqu’il avait pris la tête de la liste RN aux Européennes, avant de rafler la présidence par intérim du parti l’année dernière.

« Confiance inestimable »

Originaire de Seine-Saint-Denis, celui qui a fêté mi-septembre ses 27 ans s’est surtout révélé lors de la campagne présidentielle au gré de débats télévisés où son aisance et son habileté ont parfois mis en difficulté des contradicteurs chevronnés.

Populaire auprès de la base militante, Jordan Bardella loue sa « relation singulière d’une confiance inestimable » avec Marine Le Pen, à qui il jure régulièrement fidélité et loyauté.

Mais il est présenté par certains cadres comme « la créature » de la patronne de l’extrême droite française.

Au-delà de ses propres ambitions, c’est sa ligne, voire ses amitiés politiques que mettent en exergue ses détracteurs, l’eurodéputé étant soupçonné d’accointances avec les « identitaires » et d’une trop grande mansuétude envers ceux qui étaient partis chez Éric Zemmour.

Mi-octobre, son empressement à vouloir participer à une manifestation initiée par Reconquête! après le meurtre de la jeune Lola à Paris – il y a renoncé in extremis – a accentué le trouble : a-t-il le flair nécessaire, quelles sont ses convictions réelles?

Seul édile RN d’une ville de plus de 100 000 habitants, Louis Aliot s’est vite engouffré dans la brèche, fustigeant dans une tribune « les excès pratiqués par le Front national d’un autre temps », les « identitaristes » et, surtout, « les adeptes du +grand remplacement+ ». Une expression que seul Jordan Bardella a reprise à son compte, en août 2021, quand Marine Le Pen y a toujours opposé une grande circonspection.

Jordan Bardella a reproché dans le JDD « aigreur et mauvaise foi ». « C’est qu’il a mal compris », lui a répondu Louis Aliot.

Celui qui a dirigé le Front national de la jeunesse dans les années 90 met en avant son expérience et ses responsabilités d’élu local autant qu’une forme d’ouverture politique – il a recruté un ancien collaborateur du feu leader socialiste Georges Frêche. (France24)

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