En coordonnant conjointement la question de la sécurité, le Maroc et l’Espagne récoltent les fruits du retour à la normalisation de leurs relations, avec la chute de projets subversifs menés par l’organisation terroriste, Etat islamique (EI), dans le sud de l’Europe et dans la région du Sahel.
En effet et alors que l’organisation terroriste cherche à se redéployer à travers une approche narrative basée sur une mobilisation de combattants supposés, le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), affilié à la Direction générale de la surveillance du territoire national (DGST), a réussi, mercredi, dans une opération de sécurité conjointe avec la Commission générale de l’information espagnole, à démanteler une cellule terroriste fidèle à l’organisation « ISIS ».
Composée de trois éléments opérant en Espagne et au Maroc, la cellule œuvrait, à Almeria et à Chtouka Aït Baha (sud du Maroc), « à diffuser et promouvoir « des idées extrémistes pour les besoins de recrutement et d’embrigadement » avait précisé le BCIJ, notant que « les mis en cause ont montré leur disposition à s’impliquer dans des opérations terroristes faute de pouvoir rejoindre les fiefs de Daech (acronyme du groupe Etat islamique) dans la région du Sahel».
Ces individus « entretenaient des liens avec des combattants chargés de recruter et de faciliter l’accès des volontaires pour combattre dans cette zone »,avait-il encore indiqué.
Driss El Ganbouri, journaliste, écrivain et spécialiste marocain des mouvements islamistes, dans des déclarations faites à Hespress, a indiqué « qu’avec l’évolution négative pour l’Etat islamique en Syrie et en Irak ainsi que sa défaite devant les forces de la coalition internationale, la région du Sahel est devenue une destination de prédilection pour se reconstruire et organiser ses rangs». A partir de là, a-t-il ajouté, EI se concentre davantage sur les pays voisins, dont le Maroc et l’Espagne.
Notre interlocuteur a reconnu « qu’il y a bel et bien un redéploiement des djihadistes en Afrique. L’organisation a certes perdu nombre de ses combattants et dirigeants ces dernières années, elle cherche cependant à retrouver sa force et son prestige d’antan face en recrutant à outrance. Le Maroc et l’Espagne lui semblant être un terreau fertile ».
«La défaite au Moyen-Orient et l’élimination d’un certain nombre de ses dirigeants avaient terni l’image d’une organisation traditionnelle du djihad. Un cliché qui lui fait mal d’où cette volonté de se reprendre et atteindre de nouveaux objectifs, coûte que coûte au Sahel», analyse le spécialiste des mouvements islamistes, qui relève que «la nouvelle direction de l’organisation veut redorer son prestige afin de renouveler l’idée du Califat».
Driss El Ganbouri a de même souligné que la coordination sécuritaire maroco-européenne est essentielle dans la lutte contre le terrorisme, en ce sens, dit-il, «lorsque l’EI était en Syrie et en Irak, il ne menaçait pas directement la sécurité européenne. Aujourd’hui, le mouvement terroriste se rapproche de plus en plus du Vieux continent. L’Afrique en plus d’être une terreau de combattants ISIS, comme avant, est également devenue un lieu d’e retrait et d’installation, d’où un réel danger pour la sécurité de l’Europe ».
Et d’étayer: «Déjà que des dangers d’organisations terroristes comme al-shebab ou Boko Haram règnent en maîtres respectivement dans la Corne de l’Afrique en Afrique de l’Ouest, il est nécessaire qu’avec les groupes djihadistes du Sahel, la coordination entre le Maroc, l’Europe, notamment l’Espagne, soit considérée comme la clé de la sécurité et de la stabilité dans ce côté-ci du bassin méditerranéen». (Hespress)