jeudi, mars 28, 2024
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Entre la RDC et le Rwanda, la crise se radicalise

Une forte détonation a été entendue hier à Goma, dans l’est de la RDC. Cette dernière a été suivie de deux tirs et du passage d’un avion de l’armée congolaise.

L’AFP rapporte qu’un tir semble avoir touché l’avion congolais, qui a toutefois pu atterrir sur la piste de l’aéroport de Goma.

Dans une communication officielle, le Rwanda a déclaré qu’un Sukhoï-25 en provenance de la République démocratique du Congo a violé pour la troisième fois l’espace aérien rwandais dans le district de Rubavu, en face de la ville de Goma, en ajoutant que des mesures défensives ont été prises.

Kinshasa a démenti les faits et a condamné l’attaque de l’appareil par l’armée rwandaise. En précisant qu’il s’agit d’une action délibérée d’agression qui équivaut à un acte guerre.

Il est tout de même bon de préciser ici que la ville de Goma est frontalière du Rwanda. Nous avons contacté un expert en aviation qui habite dans la région des Grands Lacs qui a requis l’anonymat.

Celui-ci précise que depuis que l’aéroport de Goma existe, toutes les procédures d’atterrissage et de décollage pour les gros porteurs se font au-dessus du lac Kivu, situé à la frontière entre les deux pays.

Il s’interroge également sur la notion même de violation de l’espace aérien. Chaque jour, en effet, des avions civils de la Compagnie africaine d’aviation ou encore de Congo Airways décollent depuis ce même aéroport et le Rwanda ne s’est jamais plaint d’une violation de son espace aérien.

Une désescalade est-elle encore possible ?

Ces incidents se déroulent alors que la crise actuelle place la RDC et le Rwanda au bord de la guerre. Des initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de rapprocher les deux pays.

Mais pour l’instant, tout est quasiment à l’arrêt, rappelle Rutikanga Tite Gatabazi, expert en droit international et analyste politique rwandais.

Il rappelle qu’il y a eu le processus de Nairobi, la feuille de route de Luanda et tout récemment l’invitation du prince du Qatar pour que les deux chefs d’Etat puissent se rencontrer à Doha. Il estime que le président congolais utilise cette tension pour des motifs de politique intérieure.

« Au Rwanda, on a remarqué, qu’il y a beaucoup d’éléments objectivement vérifiables qui indiquent que le président Tshisekedi veut faire la guerre contre le Rwanda. Il veut faire la guerre avec des motifs de politique intérieure, il tient absolument à reporter les élections de décembre 2023. Alors, il cherche un prétexte, et le mieux pour lui serait que son pays soit en guerre avec le Rwanda. Je ne suis pas certain que le Rwanda puisse lui offrir cela sur un plateau. Il va continuer les provocations, cela on peut s’y attendre. C’est plutôt la réaction du Rwanda qu’il faut scruter pour voir si le Rwanda va continuer à se maîtriser, quelle que soit le type de provocation, » a déclaré Rutikanga Tite Gatabazi à la Deutsche Welle.

Vers un éventuel report des élections ?

Dans sa communication, la RDC a tenu à rappeler, à quelques jours du démarrage des opérations d’enrôlement des électeurs au centre et dans l’est du pays, « la nécessité et l’urgence » de maintenir la pression sur le Rwanda et le mouvement terroriste du M23 car la violence risque, selon le gouvernement congolais, de bloquer le processus électoral.

De son côté, Marc André Lagrange, chercheur spécialiste de l’Afrique centrale, espère que les deux capitales vont conserver leur sang-froid.

Il dit observer ce que feront la Communauté internationale, l’Union africaine ou encore l’envoyé spécial des Nations unies de la région des Grands Lacs.

Mais dans l’immédiat, il estime que le report des élections reste une hypothèse qui ne peut pas être écartée : « Le premier à avoir mentionné le lien entre les élections et le conflit, c’est le président Kagame. Donc c’est comme il y a une volonté d’amener cette donne électorale dans le conflit entre le Rwanda et le Congo. En même temps, on ne peut pas éluder la possibilité pour le président Tshisekedi d’avoir des velléités de repousser les élections comme l’avait fait son prédécesseur. »

L’ancien président kényan Uhuru Kenyatta a appelé ce mercredi (25.01.23) à l’apaisement dans l’est, où les combats entre l’armée congolaise et les groupes rebelles persistent.

Dans un communiqué, il a exprimé sa profonde préoccupation face à la détérioration de la situation dans le Nord-Kivu où des combats se poursuivent entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, que Kinshasa accusent d’être soutenus par le Rwanda. (dw.com)

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