Faire respecter les droits des femmes à disposer librement de leur corps, c’est l’exhortation de l’Onu à l’endroit des dirigeants dans le monde. Actuellement, la population mondiale est de huit milliards avec un pic attendu à dix milliards dans les années 2080.
Cette augmentation fait redouter une pénurie des ressources en eau et en nourriture, ainsi qu’un impact négatif sur le réchauffement climatique.
Mais Natalia Kanem, directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population, rappelle que la priorité est ailleurs.
« Seulement 10% de la population mondiale est responsable de la moitié de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Les pays les plus fertiles contribuent le moins au réchauffement climatique et souffrent le plus de ses impacts. La question n’est pas de savoir si la population humaine est trop grande ou trop petite. La question est : « chacun peut-il exercer son droit humain fondamental de choisir le nombre et l’espacement de ses enfants ? ». Malheureusement, la réponse est un non catégorique » déplore-t-elle.
Alors que le rapport pointe du doigt les politiques visant à augmenter, à réduire ou à maintenir les taux de fécondité, Natalia Kanem déplore le fait que près de la moitié des femmes ne soient toujours pas en mesure d’exercer leur autonomie corporelle. Incapables de faire des choix concernant la contraception, les soins de santé et avec qui avoir des relations sexuelles.
Selon l’Onu, si la population atteint des records, le taux de fécondité moyen mondial est le plus bas jamais enregistré, preuve que la population mondiale se réorganise rapidement. Il faudrait donc repenser la démographie en se concentrant plutôt sur les droits des femmes.
Toujours des obstacles
Natalia Kanem souligne ainsi que d’ici à 2050, huit pays représenteront la moitié de la croissance de la population mondiale. Il s’agit de l’Egypte, l’Ethiopie, l’Inde, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, la Tanzanie et la République démocratique du Congo.
Dans ce dernier pays, Isabelle Pendeza, qui dirige un Collectif d’associations féminines de développement, rappelle que, là aussi, le contexte reste difficile pour les femmes quand il s’agit d’exercer leurs droits en matière de procréation.
Elle précise « qu’il y a encore des obstacles au niveau des communautés, des us et des coutumes rétrogrades. En RDC, c’est l’homme qui a le dernier mot ».
Dans un pays comme la RDC « l’homme domine et donc la femme jusqu’à présent n’exerce pas vraiment son droit en matière de procréation, cela freine le développement de la femme » explique Isabelle Pendeza.
Actuellement, les pays ayant les taux de fécondité les plus élevés se trouvent tous en Afrique.Outre la RDC, il y a le Niger, le Tchad, la Somalie, le Mali et la République centrafricaine. Les taux de natalité les plus faibles sont en Corée du Sud, à Hong Kong, Singapour, Macao, Saint-Marin, Aruba et en Chine.
D’ici à 2050, l’Europe est la seule région du monde qui devrait connaître une baisse globale de sa population.
Le taux de fécondité mondial est actuellement de 2,3 enfants par femme et l’espérance de vie est de 71 ans pour les hommes et de 76 ans pour les femmes. (dw.com)