« J’ai un certain âge, quand je suis né au Dahomey en 1946, nous n’étions pas un million de Dahoméens. Nous sommes aujourd’hui douze millions de Dahoméens béninois. »
Ces statistiques du professeur Roger Gbégnonvi confirment que la population béninoise a plus que quintuplé depuis les indépendances à nos jours, c’est-à-dire en un peu plus de six décennies.
Ce qui illustre son accroissement accéléré et surtout une fécondité assez élevée au sein des familles.
L’enseignant à l’université d’Abomey-Calavi s’en inquiète et interpelle ses compatriotes.
« Il va être difficile de changer la mentalité des Béninois qui croient qu’avoir beaucoup d’enfants c’est une grâce. Non ! C’est une obligation à s’occuper d’eux, et la vie coûte de plus en plus chère. Donc il va falloir renverser la vapeur, faire comprendre aux Béninois par la voie de l’éducation que le contrôle des naissances est une chose importante, capitale, et que le Bénin n’est pas le seul pays concerné dans le monde. Il va falloir qu’on se ressaisisse, qu’on se contrôle et qu’on contrôle les naissances », estime le professeur Roger Gbégnonvi.
« La population est un facteur de développement »
Ali Houdou, ancien ministre du président Mathieu Kérékou, donne un autre sens à la forte croissance démographique au Bénin.
« La population est un facteur de développement. Plus vous êtes nombreux plus vous avez de forces productives, pour l’agriculture, pour l’industrie et pour tout », dit l’ancien ministre.
Si la dynamique démographique actuelle se maintenait, la population béninoise pourrait doubler au cours des 30 prochaines années.
Imelda Bada est Béninoise et elle entrevoit une complication sociale qui pose aussi la problématique de la parentalité responsable.
« Nous voyons des parents démissionnaires un peu partout, nous voyons justement notre jeunesse en train de partir en vrille. Il ne suffit pas de faire des enfants pour pouvoir le faire, mais de faire des enfants dont on est capable d’assurer l’avenir », estime Imelda Bada.
Les reformes sociales menacées
Le porte-parole du gouvernement va au-delà de cette considération. Wilfried Léandre Houngbédji explique que la tendance actuelle mettra à mal les réformes et les ambitions du pays.
« Vous avez une commune au Bénin où on a tellement procréé que, en un an, rien que les naissances dans cette commune, génèrent un besoin de 400 salles de classe dans cinq ans, quand ces enfants vont commencer l’école. Si vous laissez faire comme ça et que chacun fait le nombre d’enfants qu’il veut, comme il veut, quand il veut et où il veut, il y a des risques majeurs que les réponses que l’Etat apporte, montrent toujours des limites et nous aurons toujours des insatisfactions », explique Wilfried Léandre Houngbédji.
L’objectif de ces assises nationales semble donc s’inscrire dans une dynamique de contrôle des naissances même si pour l’instant, le gouvernement n’a rien déclaré qui irait dans ce sens. (dw.com)