Tchad : Un journaliste soupçonné de collusion avec la Russie reste en détention

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Trois journalistes tchadiens avaient été arrêtés en mars puis inculpés pour « intelligence avec l’ennemi ». Le communiqué du procureur faisait état de documents compromettants ayant mené à leur interpellation.

Les cartes sont-elles en train d’être rebattues pour la Russie au Tchad ? Quelques mois après l’interpellation de plusieurs Russes lors de l’inauguration de la Maison russe de N’Djamena, ce sont des journalistes qui sont la cible de la justice tchadienne, accusés de collusion avec les autorités russes.

Le 9 avril, Olivier Monodji, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pays et correspondant au Tchad de Radio France Internationale, a vu sa demande de remise en liberté refusée, a appris l’AFP auprès de son avocat. « Nous avons encore trois jours pour interjeter appel », a réagi Allahtaroum Amos, son conseil, qui a néanmoins mentionné ne pas encore être en possession de l’ordonnance de rejet de sa demande.

Les deux autres journalistes interpellés, Ndilyam Guekidata et Mahamat Saleh Alhissein, sont toujours en détention provisoire. Un autre journaliste, Ahmat Ali Adji, de Toumaï Média, a été entendu par un juge d’instruction, mais aucune charge n’a été retenue contre lui après son audition. Il avait été lui aussi soupçonné « d’intelligence avec une puissance étrangère ».

« Le juge m’a interrogé sur la couverture médiatique faite à l’occasion de l’ouverture de la maison de la Russie et il m’a demandé si j’ai des liens particuliers avec les Russes », a-t-il raconté à l’AFP.

Des liens avec la Russie ?

Les trois journalistes avaient été inculpés par le parquet, soupçonnés d’avoir fourni « des informations liées à la sécurité et à l’économie » du pays et « d’avoir travaillé avec le groupe paramilitaire russe Wagner« . Selon leurs avocats, le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, les poursuit aux motifs d’ « intelligence avec l’ennemi, attentat contre les institutions, complot, atteinte à l’ordre constitutionnel, à l’intégrité et à la sécurité du territoire national ». Ils encourent jusqu’à trente ans de prison.

C’est une « dénonciation » qui aurait permis au procureur de prendre connaissance de documents incriminant les professionnels des médias en question. Mais pour le directeur régional de l’ONG Reporters sans frontières, Sadibou Marong, le pouvoir tchadien doit cesser toute répression de la presse. Dans un communiqué, le Patronat de la presse tchadienne (PPT) a lui aussi exprimé son « indignation » et sa « vive inquiétude ».

Au Tchad, un journaliste soupçonné de collusion avec la Russie reste en détention