vendredi, novembre 1, 2024
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Présidence Trump. Médias et humoristes américains perdent leur meilleur ennemi

S’opposer au Président aura été pour beaucoup un fonds de commerce juteux ces quatre dernières années. Avec l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, médias et humoristes pourraient voir la fin d’une ère prospère.

Personnage clivant, business florissant. Depuis sa campagne victorieuse en 2016, Donald Trump a réussi par ses déclarations et prises de positions les plus farfelues, incendiaires ou outrageantes les unes que les autres à cristalliser le débat public autour de sa personne. Une aubaine pour les médias dont l’audience a explosé ces quatre dernières années. En tête évidemment, les chaînes ultraconservatrices comme Fox News et One America News Network (OAN), dont l’audimat a fortement augmenté alors qu’elles se faisaient le relais de la communication du magnat de l’immobilier. Mais les années Trump ont aussi été bénéfiques pour ceux qui se sont opposés au 45président des Etats-Unis.

Dès le début de l’année 2017 et son arrivée à la présidence, le New York Times a affecté plusieurs de ses meilleurs journalistes pour traiter de l’actualité de la Maison Blanche et enquêter sur ce qu’il s’y passait en coulisses. Des articles sur les tentatives d’ingérence russe pendant la précédente campagne aux révélations sur l’existence de lobbying pour donner accès aux grâces présidentielles, en passant par des éditos virulents contre Donald Trump, le quotidien new-yorkais a excellé dans son rôle d’opposant. La recette a marché, le nombre d’abonnés numériques du New York Times est passé de 1,5 à près de 5 millions. Le quotidien new-yorkais vise désormais les 10 millions de fidèles d’ici à 2025, mais Biden risque d’être moins vendeur que Trump.

Les abonnements des médias montent en flèche

Le Washington Post, qui s’est spécialisé dans le fact-checking de fausses informations propagées par Trump, a aussi vu le nombre de ses abonnés monter en flèche. «Ces médias ont aussi énormément progressé hors des frontières des Etats-Unis», souligne le directeur des études de l’Institut français de la presse et professeur en information et communication, Arnaud Mercier. «Là aussi l’impact de Trump n’y est pas pour rien. Il a été un tel perturbateur des alliances traditionnelles que de nombreuses personnes se sont abonnées à des médias américains pour mieux se tenir informés», inquiets des répercussions que sa présidence pouvait avoir sur leur pays.

Dans le milieu de l’humour aussi, l’opposition à Donald Trump aura été un business juteux. Cheveux blonds, teint orangé et costume trop large pour lui, l’acteur Alec Baldwin s’est fait une spécialité de caricaturer le président des Etats-Unis, frôlant parfois la perfection dans l’imitation, quasiment chaque week-end dans l’émission satirique Saturday Night Live, sur NBC. Le Président a fort peu goûté et parfois réagi sur Twitter aux pastiches le montrant dans le Bureau ovale lors de sa rencontre avec le rappeur Kanye West, au téléphone avec Angela Merkel, ou dans une interview fictive donnée à CNN. Grâce à Donald Trump, Alec Baldwin a connu un regain de popularité.

Les humoristes ont fait leur beurre sur le dos du Président

Et les audiences de SNL s’envolaient dès qu’il apparaissait à l’écran grimé en Trump, redonnant un nouveau souffle à cette émission historique. Démocrate convaincu et opposant déterminé au président des Etats-Unis, l’acteur s’est réjoui de la victoire de Joe Biden. «Je ne crois pas avoir déjà été aussi heureux de perdre mon emploi auparavant», a-t-il tweeté le 7 novembre alors que la défaite de Trump devenait officielle, conscient qu’il allait devoir laisser ses cravates rouges et ses perruques peroxydées au placard.

A l’instar d’Alec Baldwin, d’autres humoristes ont fait leur beurre sur le dos du locataire de la Maison Blanche, du Daily Show de Trevor Noah sur Comedy Central au Last Week Tonight de John Oliver sur HBO. S’ils se réjouissent de voir partir celui dont ils dénonçaient la politique, on peut imaginer leur déception de perdre un sujet de blagues faciles au succès déjà prouvé. Pas sûr que Joe Biden soit un aussi bon client. (liberation)

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