C’est un acte symbolique très fort, le point d’orgue d’une normalisation des relations entre deux pays. Israël a ouvert, ce dimanche, sa première ambassade à Abou Dhabi, aux Émirats Arabes Unis. Ces derniers, eux, ont validé ce même jour l’implantation de leur ambassade en Israël, à Tel-Aviv, aux côtés des autres délégations étrangères dont celle française.
Il faut remonter à l’été dernier pour comprendre ce chamboulement diplomatique au Moyen-Orient. Nous sommes le 13 août 2020, à Washington (Etats-Unis). Donald Trump, alors président des Etats-Unis, le tweete : Israël et les Émirats Arabes Unis se sont mis d’accord sur « un accord de paix historique ». Signés un mois plus tard, sous l’égide des Etats-Unis, les « accords d’Abraham » scellent le début d’une normalisation des relations entre les deux pays.
Si Israël et les Émirats Arabes Unis n’ont jamais fait la guerre, cet accord est énorme : les Émirats Arabes Unis reconnaissent officiellement Israël. Un séisme au Moyen-Orient où, jusque-là, les pays arabes conditionnaient la reconnaissance de l’Etat hébreu à la résolution du conflit israélo-palestinien qui, depuis 1967 et l’annexion de Jérusalem par Israël, mine les relations diplomatiques dans la région. Jusque-là, seulement l’Égypte (en 1979) et la Jordanie (en 1994) avaient signé un accord de paix avec Israël, mais ceux-là étaient vraiment en guerre.
Des accords à la clé
Depuis septembre, donc, c’est le début d’une histoire d’amour entre Israël et les Émirats Arabes Unis. En octobre, il a été annoncé que les citoyens israéliens et émirati n’avaient plus besoin de visa pour aller d’un pays à l’autre. Une mesure qui « fait des citoyens émirati les premiers du monde arabe à ne pas avoir besoin de visa d’entrée en Israël », relevait The National. Une vingtaine de liaisons aériennes par semaine entre les deux pays sont maintenant en place – l’Arabie saoudite autorisant même désormais le survol de son espace aérien par Israël en direction des Émirats.
Mercredi, des entreprises israéliennes et émirati ont signé un premier accord dans le domaine de l’énergie renouvelable visant à faire de l’Etat hébreu un leader mondial de l’énergie solaire. Un accord qui en succède à de nombreux autres – tous les deux y trouvant des intérêts économiques : les accords d’Abraham promettent la signature d’accords similaires dans nombre de domaines (finance, santé, science, technologie, énergie, agriculture, eau…).
Principal producteur de pétrole, les Émirats Arabes Unis s’ouvrent aussi avec ces accords à un autre marché : le marché… européen. En octobre, Israël et les Émirats ont en effet signé un accord offrant l’occasion aux seconds d’utiliser et de prolonger l’oléoduc du premier pour transporter son pétrole pour pas cher.
Un conflit israélo-palestinien en suspens ?
Ces nouvelles relations ne sont pas pour plaire à tout le monde, et en premier chef les Palestiniens qui voient, dans le geste des Émirats Arabes Unis, une « trahison ». L’absence de relations diplomatiques et surtout commerciales avec ses voisins était jusque-là un important moyen de pression sur Israël pour espérer débloquer le conflit israélo-palestinien.
D’autres pays arabes – Israël a déjà annoncé des accords de normalisation avec le Maroc, le Soudan et le Bahreïn – pourraient suivre le même chemin que les Émirats Arabes Unis. Au risque d’enliser, encore un peu plus, la situation des Palestiniens. (rfi)