Les prisons sont pleines. Les autorités ont frappé fort pour tenter d’étouffer les manifestations qui ont rassemblé des dizaines de milliers de Russes à travers le pays : 4 000 personnes arrêtées le premier week-end, puis 5 700 lors du second et enfin 1 500 le 2 février, selon les chiffres de l’association russe de défense des droits de l’homme Memorial. Ces rafles massives ont ciblé des manifestants souvent âgés de moins de trente ans. Une centaine de journalistes ont également été appréhendés. À l’origine de la mobilisation : l’opposant Alexeï Navalny, juriste de 44 ans revenu au pays après avoir été empoisonné au Novitchok par le FSB, les services secrets russes, et soigné en Allemagne.
Arrêté à sa descente d’avion, le pourfendeur de la corruption des élites a déclenché un scandale avec la diffusion d’une vidéo décrivant un luxueux palais dont le président Vladimir Poutine serait le propriétaire. Un film de près deux heures, vu 100 millions de fois. Depuis, Navalny séjourne derrière les barreaux, condamné à trois ans et demi de prison à la suite de la révocation d’une peine avec sursis. Selon son état-major, l’objectif n’est plus d’appeler à manifester. Il s’agit désormais de s’engager dans la préparation des élections législatives prévues en septembre en contribuant à la défaite des candidats du pouvoir.
Vladimir Achourkov, 48 ans, directeur exécutif de la fondation anticorruption FBK de Navalny et réfugié à Londres, décrypte les derniers événements… (lepoint)