« Lava Jato », l’une des plus grandes enquêtes anticorruption de l’Histoire, qui a fait tomber présidents, politiques et grands patrons en Amérique latine, a été enterrée discrètement cette semaine au Brésil, après avoir elle-même été entachée de scandale.
L’opération « Lavage Express », lancée en mars 2014 contre le blanchiment d’argent et partie d’une modeste station-service de Brasilia, est rapidement devenue un instrument puissant entre les mains de juges déterminés qui ont mis au jour un réseau tentaculaire de corruption.
Elle a secoué les plus hautes sphères du gouvernement et des affaires au Brésil, tout en s’étendant en Amérique latine et jusqu’en Afrique, et a inspiré un film et une série de Netflix.
Avec des méthodes agressives s’appuyant beaucoup sur les aveux récompensés, les procureurs ont découvert un système bien rodé qui permettait à des politiciens de quasiment tous les partis de s’entendre avec des compagnies, tel le conglomérat du BTP Odebrecht, sur des contrats avec le groupe étatique Petrobras et d’empocher d’énormes sommes.
En communiquant à des confrères étrangers le résultat de leur enquête, les limiers de « Lava Jato » ont déclenché un tsunami anticorruption dans de nombreux pays.
« Lava Jato » a ainsi engrangé des résultats spectaculaires : condamnation de 174 personnes au Brésil, mise en cause de 12 chefs ou ex-chefs d’Etat, au Brésil, au Pérou ou au Panama, retour de 665 millions d’euros dans les coffres brésiliens et promesse de 2,32 milliards d’euros supplémentaires.
Et pourtant le bureau du procureur général a annoncé sans fanfare, mercredi 3 février, que sa principale équipe d’enquêteurs était démantelée… (l’obs)