La situation ne se calme pas. Pour la deuxième nuit consécutive, les généraux birmans ont imposé ce mardi une coupure quasi-totale d’internet. C’est la quatrième fois qu’un tel procédé est utilisé depuis le coup d’État du 1er février. Ces perturbations sapent « les principes démocratiques fondamentaux », a commenté l’émissaire des Nations Unis pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, lors d’un entretien téléphonique avec Soe Win, commandant adjoint de l’armée birmane.
Les coupures nuisent aussi « à des secteurs clés, y compris les banques », a-t-elle ajouté, lors de ce rare échange entre la junte et le monde extérieur. En plus de s’attaquer aux outils de communication, la junte poursuit les vagues d’arrestations – notamment nocturnes – pour tenter de mettre un terme au soulèvement populaire contre leur coup d’État, et ce, malgré les condamnations internationales et les sanctions déjà annoncées, notamment par Washington.
Les blindés déployés et des perquisitions sans mandat
L’armée a également déployé des véhicules blindés et fait plusieurs blessés parmi les manifestants. Elle a, par ailleurs, durci l’arsenal législatif, en autorisant les perquisitions sans mandat ou les placements en détention pour une courte période sans le feu vert d’un juge. Plus de 400 personnes – responsables politiques, médecins, activistes, étudiants, grévistes – ont été arrêtées ces deux dernières semaines, d’après une ONG d’assistance aux prisonniers politiques.
L’ex-cheffe de facto du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi, et le président de la République, Win Myint, ont été interpellés dès les premières heures du coup d’Etat. Il est reproché à la prix Nobel de la paix de 1991 d’avoir enfreint une obscure règle commerciale en important « illégalement » des talkies-walkies.
Tous deux devraient être interrogés cette semaine par un tribunal « par vidéoconférence », a déclaré l’avocat Khin Maung Zaw, ajoutant qu’il n’avait pu entrer en contact avec ses clients. Une audience tout sauf équitable, selon Tom Andrews, rapporteur spécial de l’ONU. « Il n’y a rien de juste dans la junte. C’est du théâtre. C’est juste du théâtre. Et bien sûr, personne ne les croit », a-t-il commenté.
La mobilisation se poursuit
Malgré la répression, la mobilisation pro-démocratie se poursuit, même si les manifestants étaient moins nombreux depuis ce lundi. Plusieurs centaines défilaient tout de même mardi à Rangoun, la capitale économique.
Les contestataires enjoignaient aussi les habitants à rejoindre le mouvement de désobéissance civile. Avocats, enseignants, contrôleurs aériens, cheminots : de nombreux fonctionnaires ont répondu à cet appel à travers tout le pays en se mettant en grève depuis le putsch. Les manifestations sont pour l’instant dans l’ensemble pacifiques, mais plusieurs incidents ont été rapportés lundi. La police a par exemple arrêté plusieurs dizaines de contestataires, dont une vingtaine d’étudiants, à Naypyidaw, avant d’en relâcher certains.
À Mandalay (centre), deuxième plus grande ville du pays, un affrontement entre manifestants et forces de l’ordre a fait au moins six blessés. La police a tiré des balles en caoutchouc et avec des lance-pierres sur la foule, des protestataires répliquant en lançant des briques. Des journalistes, présents sur les lieux, ont également déclaré que la police les avait battus. (LeParisien)