Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’italien Rafael Grossi, se rend à Téhéran samedi avec un objectif : dissuader les autorités iraniennes de mettre un terme aux inspections de l’agence auxquelles le pays est soumis depuis la signature de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien en juillet 2015 (JCPOA). Une initiative soutenue par la diplomatie française. « Nous exprimons notre soutien politique à l’Agence et soulignons les conséquences graves auxquelles ferait face l’Iran si ses engagements étaient rompus », confie une source, après la réunion jeudi soir à Paris des trois ministres des affaires étrangères français, allemand et britannique avec leur homologue américain, Antony Blinken, par visioconférence.
Une escalade, malgré des gestes de la part des Etats-Unis
L’Iran menace de mettre fin aux inspections à partir de la semaine prochaine si les Etats-Unis ne lèvent pas immédiatement toutes les sanctions prises depuis la rupture de l’accord de Vienne par Donald Trump. Si cela devait être le cas, il s’agirait du dernier pilier de l’accord à être violé par Téhéran, après la reprise de l’enrichissement d’uranium, la production d’eau lourde ou celle d’uranium-métal à des fins militaires.
Les Etats-Unis ont déjà fait des gestes vers l’Iran, dans la foulée de la réunion de Paris, en levant notamment les restrictions de déplacement des diplomates iraniens en visite aux Nations Unies, ou en annulant la décision de Donald Trump de resanctionner automatiquement l’Iran au Conseil de sécurité en raison de sa persistance iranienne à violer les termes du JCPOA.
Enfin, les Américains ont accepté de participer prochainement à une réunion « informelle » des signataires de l’accord de Vienne, organisée par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Cette rencontre avec les Iraniens serait un prélude au retour des Etats-Unis dans le JCPOA et permettrait d’envisager la suite.
Une désescalade attendue avant le 1er mars
« La fin des inspections signifie qu’en cas de retour de l’Iran et des Etats-Unis dans le JCPOA, tout ce qui sera déroulé entretemps aura été une période aveugle, comme lorsqu’on rentre dans une pièce après avoir éteint la lumière », confie un négociateur européen qui s’attend à une « réaction extrêmement ferme » si Téhéran met cette menace à exécution.
La France rappelle que l’AIEA réunira son conseil des gouverneurs le 1er mars, sous-entendant qu’il s’agit d’une échéance qui laisse à peine une semaine aux protagonistes pour amorcer une désescalade. (Jdd)