L’ambassadeur d’Italie en République démocratique du Congo a été tué lundi dans l’est du pays, dans une embuscade attribuée à des rebelles hutus rwandais. Une attaque qualifiée de « terroriste » par le président congolais.
« C’est avec une profonde tristesse que le ministère des Affaires étrangères confirme la mort, aujourd’hui (lundi) à Goma, de l’ambassadeur d’Italie en République démocratique du Congo, Luca Attanasio, et d’un militaire. »
Le ministère italien des Affaires étrangères a confirmé, lundi 22 février, la mort de son ambassadeur en République démocratique du Congo (RDC), Luca Attanasio, précisant qu’il voyageait avec un convoi des Nations unies dans l’est du pays.
Le président italien, Sergio Mattarella, a lui dénoncé « l’attaque lâche » qui a coûté la vie à Luca Attanasio, 43 ans, ainsi qu’à un militaire italien, Vittorio Iacovacci, et à leur chauffeur.
« La République italienne est en deuil pour ses serviteurs de l’État qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions », a-t-il ajouté, déplorant « l’acte de violence » perpétré alors qu’ils se déplaçaient en voiture dans un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM).
L’ambassadeur d’Italie à Kinshasa a été tué lundi par balles lors d’une attaque armée pendant une visite près de Goma, dans l’est de la RD Congo. Il est « décédé des suites de ses blessures », a déclaré une source diplomatique de haut rang à Kinshasa.
Kinshasa accuse les rebelles hutus rwandais
Dans un message lu en soirée par son porte-parole à la télévision nationale, le président congolais Félix Tshisekedi a condamné « avec la plus grande fermeté cette attaque terroriste ». Le ministère congolais de l’Intérieur avait accusé auparavant les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) d’être à l’origine de l’attaque meurtrière du convoi.
Les FDLR sont l’un des nombreux groupes armés qui menacent au quotidien les civils dans l’est de la RDC. Les FDLR ont été créées au début des années 2000 par des rebelles hutus rwandais. Certains d’entre eux ont participé au génocide des Tutsis entre avril et juillet 1994 au Rwanda voisin, avant de se réfugier dans l’est de la RDC, déstabilisant durablement la région.
Le président Tshisekedi a demandé une enquête pour que les auteurs de l’attaque soient « identifiés et traduits devant la justice ». Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a aussi demandé à la RDC « d’enquêter avec diligence » sur cette attaque.
Quatre personnes ont été kidnappées lors de l’attaque contre le convoi de l’ambassadeur italien, dont l’une « a été retrouvée » par des soldats congolais, selon le ministère congolais de l’Intérieur. L’attaque a également fait plusieurs blessés, selon le PAM, qui n’a pas donné davantage de précisions.
Luca Attanasio était ambassadeur en RDC depuis octobre 2019, après être arrivé dans le pays deux ans plus tôt en tant que chef de mission, selon sa biographie officielle. Marié et père de trois petites filles, il était l’un des plus jeunes ambassadeurs italiens, selon la presse italienne.
Retour anticipé à Rome du chef de la diplomatie italienne
L’attaque contre ce convoi du PAM a eu lieu au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu en proie à la violence des groupes armés depuis plus de 25 ans.
Cette région abrite le Parc national des Virunga, joyau naturel, touristique et menacé, qui est aussi le théâtre des conflits de cette région du Nord-Kivu, où des dizaines de groupes armés se disputent le contrôle des richesses du sol et du sous-sol.
Créé en 1925, le parc national est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette réserve s’étend sur 7 769 km², de Goma jusqu’au territoire de Béni, entre montagnes et forêts.
Le parc est surveillé par 689 rangers armés, dont au moins 200 ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, selon ses responsables.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, qui se trouvait à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues européens, a annoncé son retour anticipé à Rome.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est déclaré « choqué » par « les vies perdues ». « L’UE restera aux côtés de la RDC et sa population » pour la « sécurité et la paix », a-t-il ajouté sur Twitter. (France24/Afp)