Le président rwandais Paul Kagamé a une nouvelle fois qualifié lundi de « grand pas en avant » le récent rapport d’historiens français qui a reconnu les « responsabilités lourdes et accablantes » de Paris dans le génocide des Tutsis, mais pas sa « complicité », ouvrant la porte à une normalisation des relations entre les deux pays.
« C’est un grand pas en avant (…) que nous puissions avoir les faits, la vérité, établis par une commission indépendante. Il y a une convergence sur les faits et les preuves de ce qui s’est passé », a déclaré Paul Kagamé dans une interview accordée à France 24 et RFI à l’occasion de son déplacement à Paris pour le sommet des économies africaines.
« La France et le Rwanda ont désormais une opportunité, une base solide sur laquelle bâtir de bonnes relations. Le reste, nous pouvons le laisser derrière nous, peut-être pas l’oublier, mais le pardonner », a ajouté le président rwandais dans cette interview qui sera diffusée lundi soir.
A la question de savoir s’il souhaite qu’Emmanuel Macron, avec lequel il s’est entretenu lundi et qui est attendu la semaine prochaine à Kigali, présente les excuses officielles de la France, comme l’ont fait la Belgique et les Nations unies, Paul Kagamé a répondu qu’il ne lui appartenait pas de « dire à qui que ce soit de s’excuser ».
« Je les laisse décider, c’est le monde qui jugera, pas seulement moi. Est-ce que ce serait un geste important? Je le pense », a dit le chef d’Etat rwandais, tout en répétant qu’il pouvait « se contenter » des conclusions du rapport Duclert publié en mars (), bien qu’il ait lui-même estimé par le passé que la France était « complice » du génocide.
L’ancien chef des rebelles tutsis a également estimé qu’il incombait à Paris de prendre la décision de renvoyer un ambassadeur à Kigali, douze ans après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
« Nous sommes sur la voie de la normalisation. J’espère que ça va être le cas », a-t-il dit à propos de la nomination d’un ambassadeur.
Lors de leur entretien lundi, Emmanuel Macron et Paul Kagamé ont « confirmé l’objectif d’aller encore plus loin dans la normalisation et l’approfondissement de la relation entre la France et le Rwanda », a-t-on également indiqué à l’Elysée.
Interrogé sur l’arrestation de Félicien Kabuga, financier présumé du génocide des Tutsis, l’an dernier près de Paris (), Paul Kagamé a par ailleurs salué un « bon départ », tout en regrettant qu’un « certain nombre d’autres suspects du génocide vivent en France » et que leurs cas n’aient pas été « traités comme il l’aurait fallu ». (Reuters)