Le président Félix Tshisekedi a opéré vendredi 17 juillet un vaste chambardement au sein de l’armée, sans toutefois toucher le chef d’état-major général, Célestin Mbala. Il avait été nommé par son prédécesseur Joseph Kabila en 2018. Tour d’horizon des nominés.
Unique surprise, le général d’armée Gabriel Amisi a été placé à la tête de l’Inspection générale de l’armée. Un poste important de contrôle qui était occupé par John Numbi.
Réputé « très poche » de l’ancien président, John Numbi était suspecté de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme, Floribert Chebeya, mais aussi d’avoir joué un rôle dans les violences au Kasaï et au Katanga. Il perd son poste d’Inspecteur général des armées au profit d’un autre officier considéré comme « rouge » pour l’ONU, l’UE et les États-Unis : le général Gabriel Amisi, dit « Tango Four », gagne en grade mais se voit écarté de la gestion des opérations militaires. C’est aussi le cas du général Charles Akili, dit « Mundos », lui aussi sous sanctions, qui devient son adjoint à l’Inspection générale.
En revanche, le général Fall Sikabwe Asinda qui était soupçonné de graves violations des droits de l’homme et de détournements de prime des militaires est promu et nommé chef d’état-major de l’armée de terre. Félix Tshisekedi n’a pas touché au chef d’état-major, Célestin Mbala. Il lui adjoint le général Jean-Claude Yav, un des officiers promus sous l’ère Kabila.
Le départ de ce dernier sera comblé par le général Frank Ntumba, un officier des renseignements. C’est lui, le nouveau chef de la maison militaire du chef de l’État. Pas de surprise aux renseignements militaires : après la mort du général Delphin Kahimbi, c’est Michel Mandiangu qui est nommé, il a fait toute sa carrière dans les renseignements militaires.
2h de nomination
Pour ce qui est des zones de défense, deux nominations sont à noter : le général Philémon Yav, surnommé « le Tigre » dans l’entourage de l’ancien président, quitte le Katanga où des répressions sanglantes avaient été opérées, notamment contre des partisans du chef de guerre Gédéon. Il est réaffecté dans le Kivu et le Nord-Est pour diriger la troisième zone de défense. Cette zone sombre dans la violence des groupes armés depuis plus de vingt ans. Philemon Yav y posera encore ses valises, une région que lui-même s’est toujours vanté de « mieux » connaitre. Il y avait été épinglé dans un rapport du groupe d’experts de l’ONU qui le soupçonne d’avoir remis des armes aux rebelles rwandais (FDLR) en 2007.
Dans la deuxième zone de défense qui comprend les provinces issues de l’éclatement depuis 2015 des provinces de la région du Kasaï et du Katanga, Philemon Yav, est remplacé par un officier longtemps écarté pour des violations commises au Sud-Kivu, le général Pacifique Masunzu.
Cette salve de nominations – au sein de l’armée – dont la lecture à la télévision publique (RTNC) a pris plus de deux heures à la porte-parole adjointe du président, concerne également les « régions militaires », les grandes unités, les bases militaires, les écoles et autres services militaires jusqu’au ministère de la Défense où un nouveau secrétaire général a été désigné. (rfi.fr)