mercredi, novembre 27, 2024
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L’AFRIQUE DU SUD panse ses plaies

Après une semaine de violence meurtrière dans certaines parties du pays, le président sud-africain Cyril Ramaphosa était, dimanche, à l’occasion du Mandela Day au chevet des populations. Au milieu des décombres, le chef de l’État de 68 ans a assisté aux opérations de déblaiement. Il a plaidé que le moment était venu pour les Sud-Africains de se réengager envers les valeurs de Madiba.

Une semaine de tensions

C’est le 18 juillet que les Sud-Africains célèbrent le Mandela Day, qui coïncide avec la naissance de Madiba dans le village de Mvezo dans le Sud-Est, une occasion de se retrousser les manches et de consacrer du temps à des actions communautaires. Pour cette année, le thème choisi était « la faim » alors que certaines régions du pays font face à la pénurie après les pillages.

Les premiers incidents avaient éclaté la semaine dernière dans la province du KwaZulu-Natal, au lendemain de l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma, condamné pour outrage à la justice, dans cette région qui est le fief de l’ethnie majoritaire zouloue. Mais les violences se sont ensuite étendues, sur fond de crise économique et de chômage endémique : entrepôts, usines, pharmacies et centres commerciaux ont été pris d’assaut par des pillards. Au total, 212 personnes ont trouvé la mort. «  Ceux qui sont derrière ces actes ont cherché à déstabiliser le pays  », a déclaré le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, dans un discours retransmis à la télévision vendredi soir. Affirmant qu’il était désormais clair qu’il s’agissait d’«  une attaque délibérée, coordonnée et bien planifiée  », il a ajouté que l’objectif des instigateurs était de «  paralyser l’économie, provoquer une instabilité sociale et affaiblir gravement  » l’État.

Près d’un quart de siècle après la chute officielle de l’apartheid, les rêves d’égalité économique restent toujours lettre morte. La société sud-africaine est aujourd’hui la plus inégalitaire du monde, selon la Banque mondiale.

« Le pire semble derrière nous mais »

En fin de semaine, la situation est toutefois revenue quasiment à la normale dans les villes concernées telles Johannesburg. L’armée reste tout de même encore visible dans les rues, partout où elle a été déployée, l’ex-président Jacob Zuma doit comparaître ce lundi 19 juillet devant la justice dans une affaire de corruption vieille de plus de vingt ans.

Veste en cuir aux couleurs de l’ANC, « Cyril », comme beaucoup l’appellent ici, a déambulé dans un centre commercial dévasté de Soweto, immense township près de Johannesburg : « Il y a eu des manquements… Nous allons nous rassembler et faire un examen approprié » des événements récents, a-t-il déclaré aux caméras. Dans la province du KwaZulu-Natal, la plus touchée, l’accès aux produits de première nécessité est devenu préoccupant dans les zones affectées, car nombre de magasins ont été détruits, d’autres restent fermés.

Associations et simples citoyens se mobilisent pour nourrir les plus pauvres. Comme dans cette église de Durban, le grand port sur l’océan Indien, où des bénévoles empilaient pain et légumes frais à distribuer, a constaté l’AFP.

La chaîne alimentaire a été perturbée, entre routes bloquées et magasins vandalisés. Katlego Meso, producteur de légumes à une heure de Johannesburg, se retrouve ainsi avec 1,2 tonne de poivrons sur les bras. « Les routes ne sont pas sûres et le marché de gros m’a déconseillé de venir », raconte-t-il dimanche à l’AFP.

Le ministre de la police, Bheki Cele, a mis en garde contre les « actes d’autodéfense » après que des résidents de Phoenix, township proche de Durban où vivent principalement des Sud-Africains d’origine indienne, ont été accusés de s’en prendre violemment à leurs compatriotes noirs. Une équipe dédiée de dix policiers va y être déployée pour enquêter sur la mort suspecte de vingt hommes dans cette banlieue cette semaine.

Plusieurs plages ont été fermées autour de Durban, en raison d’inquiétudes de pollution après le déversement d’un produit chimique issu d’une usine incendiée. Une équipe de l’AFP a assisté à une opération de nettoyage de centaines de poissons morts, dans une rivière de la réserve naturelle du lagon d’Umhlanga.

Le secteur des affaires, notamment le tourisme qui représentait 7 % du PIB avant le Covid, craint que les images de violences ne plombent la réputation de l’Afrique du Sud et freinent les investissements. Des entreprises voudraient des garanties de sécurité de la part des autorités. « Le pire semble derrière nous, mais nous avons toujours peur », a confié à l’AFP Zanele Khomo, de la Chambre de commerce et d’industrie de Durban. « Le monde nous regarde avec sévérité sans doute, mais il faut rappeler que l’Afrique du Sud compte des tas de gens bien et des histoires formidables à raconter », a expliqué Siyanda Nxumalo, directrice d’école, en déblayant les décombres d’un centre commercial ravagé. (lepoint.fr)

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