lundi, novembre 25, 2024
AccueilMONDEUn an après la réélection d’Alexandre Loukachenko, la révolution biélorusse s’enlise

Un an après la réélection d’Alexandre Loukachenko, la révolution biélorusse s’enlise

Depuis la réélection douteuse de l’autocrate Alexandre Loukachenko, le 9 août 2020, la répression a anéanti la société civile et poussé des milliers d’opposants à l’exil. Mais les militants veulent encore y croire.

Les rues de Minsk sont d’un calme hivernal. Pas de manifestations, pas de drapeaux blanc-rouge-blanc, pas de bouquets de fleurs. L’implacable répression a anéanti la société civile : à ce jour, il y a en Biélorussie plus de 600 prisonniers politiques, des dizaines d’associations ont été fermées, les médias indépendants interdits. Des grandes figures de l’opposition, il ne reste personne à Minsk : ils sont soit en exil, soit en prison.

Pour Svetlana Tikhanovskaïa, qui s’est présentée contre Alexandre Loukachenko à la présidentielle du 9 août 2020, ce fut une année pleine de douleur et d’émerveillement. D’un côté, nous avons vu la brutalité du régime anéantir la société civile, réprimer les médias et les défenseurs des droits de l’Homme. Nous avons vu la souffrance endurée par des innocents, les lois bafouées et l’injustice. Mais de l’autre côté, nous avons créé une société meilleure qui, malgré les répressions et la peur, continue de se battre.

Se taire ou partir

Ceux qui restent à Minsk le font par conviction : Je veux avoir le droit de vivre dans mon pays ​ », explique Alexei, 30 ans, programmeur informatique. Je refuse d’avoir peur​, justifie Liza, jeune professeure d’université, à qui l’engagement politique a fermé les portes d’une carrière dans le public. Pour Mikalai, un ingénieur de 24 ans, la révolution n’est pas terminée : nous n’avons pas atteint notre objectif, mais nous avons déjà réussi à changer la société​. Tous, pourtant, pensent à l’exil, mais repoussent l’idée autant que possible.

La peur met un certain temps à nous quitter​, avoue Stas, rencontré à Vilnius (Lituanie) quelques semaines après sa fuite rocambolesque du pays. La simple mention d’Alexandre Loukachenko, à voix haute et en pleine rue, le fait sursauter. Si le sentiment d’angoisse finit par disparaître, il reste l’inquiétude pour l’avenir de la patrie​, témoigne Pavel, parti à Cracovie, en Pologne, il y a plusieurs mois. La Lituanie et la Pologne, avec l’Ukraine, sont les principales destinations d’accueil des opposants biélorusses, souvent de jeunes diplômés.

Détournement du vol Ryanair entre Athènes et Vilnius, pour arrêter le journaliste Roman Protassevitch en exil ; meurtre supposé du militant Vitali Chychov à Kiev (Ukraine), kidnapping manqué de l’athlète Kristina Tsimanouskaya aux JO de Tokyo (réfugiée en Pologne et qui est maintenant traînée dans la boue dans les médias d’État biélorusses) : l’opposition ayant réussi à se structurer à l’étranger, la répression s’est étendue en dehors des frontières. À l’intérieur, les forces de l’ordre, un temps ébranlées, sont restées fidèles au régime, et l’économie tient bon, grâce aux prêts accordés par la Russie.

« Face à un dilemme »

Quel avenir pour la Biélorussie ? Difficile à dire, répond Artyom Shraibman, du centre Canergie Moscou. ​Le dialogue n’est plus une option pour Alexandre Loukachenko. Être assis à la même table que ses opposants signifierait déjà une défaite. Le moteur de cette crise qui persiste, ce sont ses erreurs de jugement, comme ce qui s’est passé à Tokyo. Il y a une escalade, qui va conduire à de nouvelles sanctions, et ainsi de suite.

S’il survit politiquement aux prochains mois, et jusqu’au référendum qu’il a promis pour l’année prochaine, Alexandre Loukachenko, estime Artyom Shraibman, sera face à un dilemme : continuer l’escalade et coûter davantage au Kremlin, qui pourrait ne plus le soutenir, ou choisir la désescalade, ce qui est aussi risqué, on ne sait pas comment réagirait la société ». (OuestFrance)

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