L’Émirat a provoqué à l’aide de drones des précipitations rarement vues dans cette partie du désert. De la géo-ingénierie prometteuse.
Une chaussée inondée, des hallebardes de pluie tombant sans discontinuer… Une scène banale en Asie du Sud-Est en période de mousson, mais incroyable dans une des régions les plus arides du globe. Cet été, face aux montées d’un thermomètre qui dépasse régulièrement les 48 °C, Dubaï a choisi de provoquer, artificiellement, des précipitations qui se sont révélées diluviennes.
Depuis 2017, les EAU (Émirats arabes unis) financent 9 projets de géo-ingénierie des pluies, dont celui de l’université de Reading en Angleterre. C’est la méthode de cette dernière qui a été utilisée cette fois-ci. Pas question d’ensemencement chimique aux particules de sodium, technique employée notamment par les Chinois, mais l’utilisation de drones, chargés d’envoyer des décharges électriques dans les molécules d’air des nuages. Car il est un préalable tout de même : pas de nuages, pas de pluie possible ! Et d’après le professeur Ambaum, responsable de l’étude à l’université de Reading : « Les EAU disposent de suffisamment de nuages pour créer les conditions propices. »
Pendant le vol du drone, ses capteurs analysent la température, le taux d’humidité et la charge électrique à l’intérieur des nuages. Et choisissent le moment opportun pour déclencher des impulsions. L’électricité ainsi envoyée pousse les gouttes d’eau à s’agréger entre elles (« selon le même principe qu’un cheveu sur un peigne », dit le professeur Ambaum), donc à grossir au point de se détacher et de tomber sur terre. Car un des problèmes dans les zones arides à très forte chaleur, où les nuages sont hauts, c’est que les gouttes sont bien là, dans les nuages, mais trop fines pour résister à l’évaporation, durant leur chute.
Mais déjà les critiques « pleuvent ». On dénonce les apprentis sorciers qui ne maîtrisent ni la quantité ni la durée des pluies déclenchées. C’est vrai. Mais ils ne sont pas les seuls. La Chine et huit États américains tentent également de faire tomber de la pluie. Face aux périodes de sécheresse qui reviennent de plus en plus régulièrement, aura-t-on bientôt d’autre choix que de jouer les druides ? Pas sûr… (Paris Match)