« La proposition d’amendement de la Constitution est rejetée », a annoncé mardi soir 11 août le président de la Chambre des députés, Arthur Lira. Le président brésilien Jair Bolsonaro voulait obtenir l’arrêt du système de vote électronique afin de revenir, dès l’élection présidentielle de l’an prochain, aux bulletins de vote imprimés. Ce qu’ont rejeté les parlementaires à Brasilia. « Bolsonaro : la claque », titre le quotidien A Tarde. « Les bulletins de vote imprimés sont partis en fumée », plaisante en Une le journal Extra. Et O Globo de saluer cette « démonstration de force de l’institution qui représente la base même de la démocratie brésilienne : le Parlement qui a sifflé la fin de la récréation. Et c’est heureux », se réjouit le quotidien.
Des blindés dans les rues de Brasilia au moment du vote des parlementaires
Au moment où les députés se prononçaient sur la modification du système de vote, Jair Bolsonaro avait organisé un défilé militaire. Des blindés et autres véhicules militaires en plein centre de Brasilia devant le siège des trois pouvoirs : du jamais vu depuis le retour de la démocratie au Brésil en 1985.
« Fautes de voix suffisantes à la Chambre des députés, le président fait venir les chars », s’insurge le quotidien O Estado. « C’était une tentative évidente d’intimider les parlementaires ainsi que les tribunaux, piliers de la résistance à l’escalade autoritaire de Jair Bolsonaro », estime l’éditorialiste qui poursuit : « Cette tentative s’est transformée en une démonstration pitoyable de l’isolement politique et de la faiblesse du chef de l’État. Mais attention », prévient O Estado, « cela ne rend pas Jair Bolsonaro moins dangereux. À ce stade, le président semble se soucier peu du fait que ses gestes et discours fous fassent ressembler le Brésil de plus en plus à une république bananière. Jair Bolsonaro a choisi la voie de la confrontation. Et dans cet engrenage, il n’écoute plus que les rugissements de ses partisans fanatiques et excités par la vue des chars dans les rues », conclut le journal.
De son côté, le journal Folha de Sao Paolo estime que le défilé de ce mardi équivaut à « une défaite morale des forces armées brésiliennes et une preuve supplémentaire de la situation difficile dans laquelle se trouvent les militaires en raison de leur soutien à ce président fou ». (rfi.fr)