Après l’arrivée au pouvoir des Talibans en Afghanistan, l’afghani, la devise du pays, a chuté. « Si les Talibans sont incompétents, ils vont faire tourner la planche à billets », pour Charlie Robertson, analyste chez Renaissance Capital, qui « suspecte fortement » que les Afghans vont se rabattre sur le dollar.
La monnaie afghane est à la peine. Alors que le gouverneur de la banque centrale et le président du pays ont fui l’Afghanistan, l’afghani a lourdement chuté face au billet vert. Il faut mardi après-midi 86 afghanis pour acheter un dollar, là où il n’en fallait que 80 vendredi dernier, soit une chute de plus de 6%, selon une compilation de l’agence Bloomberg. C’est ce jour-là que la Banque centrale afghane, Da Afghanistan Bank, a appris que les « livraisons de dollars étaient interrompues », accentuant l’inquiétude sur le marché local, a affirmé son gouverneur Ajmal Ahmady sur Twitter.
Jusqu’à vendredi, le cours de l’afghani restait relativement stable, malgré les avancées des talibans à travers le pays. « La devise a atteint un bref pic de 81 à presque 100, pour revenir à 86. J’ai tenu des réunions samedi pour rassurer les banques et les cambistes et les calmer. J’ai du mal à croire que c’était un jour avant la chute de Kaboul« , commente M. Ahmady. Depuis la prise de pouvoir des talibans et le départ du président Ashraf Ghani, M. Ahmady a lui aussi quitté le pays.
La chute du cours de la devise afghane va a priori rendre le coût des produits importés plus élevés. Un nouvel afghani avait été créé en 2002, un an après le lancement de la campagne militaire américaine qui avait chassé les talibans du pouvoir. Avant cela, en raison de la volatilité exacerbée de l’afghani, les Afghans privilégiaient les dollars et les roupies pakistanaises.
« Si les talibans sont incompétents, ils vont faire tourner la planche à billets mais cela ne profiterait à personne », commente Charlie Robertson, analyste chez Renaissance Capital. « Il est impossible de savoir ce qu’ils vont faire », ajoute-t-il, même s’il « suspecte fortement » que les Afghans vont se rabattre sur le dollar. (Capital)