lundi, novembre 25, 2024
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MALI. «Ménaka sans armes», une initiative locale qui prend de l’ampleur

Troisième soir de couvre-feu ce jeudi à Ménaka. Cette mesure n’est prise nulle part ailleurs dans le pays, elle fait partie de l’initiative locale « Ménaka sans armes », qui rassemble autorités locales, groupes armés signataires de l’accord de paix, leaders communautaires et notables de la zone. Objectif : lutter contre l’insécurité liée au banditisme et à la présence des groupes terroristes.

L’initiative « Ménaka sans armes » avait été lancée l’année dernière, mais elle prend pour cette deuxième année une dimension nouvelle. Les hommes armés n’ont désormais plus le droit de circuler à moto à Ménaka, de jour comme de nuit, car il s’agit de la manière de circuler la plus fréquente chez les bandits de grands chemins et chez les terroristes jihadistes. Et à partir d’une certaine heure, l’interdiction vaut pour tout le monde.

« Pour les motocyclistes, à partir de 19 heures, la circulation est formellement interdite. Pour les piétons et les véhicules, c’est à partir de 22 heures, explique Moussa Ag Acharatoumane, chef du groupe armé MSA et co-président de la Commission de consolidation de « Ménaka sans armes ». Il y a un certain nombre de gens qui sont dispensés de ce couvre-feu, notamment ceux qui travaillent pour l’énergie, les agents de la santé, etc. »

Il y a un an, « Ménaka sans armes » débutait par une coordination des patrouilles entre des groupes armés pro-gouvernementaux (le Gatia et le MSA) et l’armée nationale. Aujourd’hui, sous l’égide du gouverneur, une Commission de consolidation s’est constituée, avec des élus et des notables locaux, et avec désormais l’ensemble des groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015.

« Le processus est beaucoup plus inclusif, avec les différents groupes armés qui se sont joints à la dynamique actuelle, souligne Moussa Ag Acharatoumane. L’armée malienne est le principal acteur qui fait les patrouilles à l’intérieur de la ville, mais à l’extérieur de la ville, c’est uniquement les mouvements pour le moment. »

Un élargissement qui correspond aussi à la volonté d’étendre l’opération à toute la région. « Nous avons déjà commencé dans le cercle de Tidermène, nous avons lancé pratiquement le même processus de réconciliation entre les gens. Il y a déjà une patrouille qui a été mise sur pied dans le cercle de Tidermène. Et je pense que la commission va continuer le même travail dans les cercles d’Andéramboukane, d’Inékar, pour couvrir toute la région. Parce que c’est ça l’objectif, à long terme. »

L’initiative prône également le règlement des litiges quotidiens par un juge islamique, et incite les leaders (traditionnels, militaires ou administratifs) de la région de Ménaka à y résider. Car L’objectif est aussi de renforcer la présence des responsables de la zone sur leur territoire, pour éviter tout sentiment d’abandon chez les populations, avec un système de présidence tournante. 

« Ménaka est une région dans laquelle à chaque fois les premiers responsables sont ailleurs, à Bamako ou ailleurs, souligne Moussa Ag Acharatoumane. C’est pour ça que nous avons mis en place un système en place qui fait que chaque mois, les responsables de la région doivent passer un mois à Ménaka pour gérer la commission, être en contact avec l’administration, avec les populations. Cela va nous permettre de palier ce vide-là qui a toujours existé dans la région. »

Parmi les membres de la commission « Ménaka sans armes » : les représentants des groupes armés signataires de l’accord de paix, le maire de la ville, le président de l’Assemblée régionale, plusieurs notables locaux – ex-député, opérateur économique – ou encore le général El Hadj Ag Gamou. (rfi.fr)

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