Ce mercredi marque les 100 jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin (du 4 au 20 février 2022). Un événement piégé entre Tokyo et surtout Paris, qui retient beaucoup l’attention. Au grand dam de certains.
La flamme n’est pas restée éteinte longtemps. 52 jours se sont écoulés depuis l’extinction de la vasque qui trônait dans le stade olympique de Tokyo, mettant fin aux Jeux paralympiques. Et déjà, à Olympie, une autre flamme a été allumée. Elle a pris la direction de l’Asie, une nouvelle fois. La Chine, plus précisément. Dans 100 jours, Pékin ouvrira les Jeux d’hiver de 2022. Une échéance qui précédera Paris 2024, et qui est attendue par beaucoup. Très attendue. Trop ?
Coincés entre Tokyo et Paris, les Jeux de Pékin ne sont pas ceux dont on parle le plus. De quoi faire grincer quelques dents chez les athlètes concernés. « En ce moment, on a tendance à parler de Paris 2024, dit Perrine Laffont, championne olympique de ski de bosses à Pyeongchang (Corée du Sud) il y a quatre ans. C’est un peu agaçant car on passe un peu aux oubliettes. » Un sentiment qui a été partagé le 3 décembre dernier, lors d’une soirée à la veille de la journée olympique. « Ce soir-là, heureusement que Tony Estanguet a parlé de Pékin 2022 sinon on ne savait même pas pourquoi on était là », résume Clément Noël, une des chances de médailles en ski alpin.
« C’est tout aussi intéressant »
De quoi faire naître de la frustration légitime, d’autant que pour la troisième fois d’affilée, les JO (été et hiver confondu) seront loin de l’Hexagone. Et la proximité chronologique avec Tokyo rend l’enchaînement pas forcément profitable aux hivernaux. « On sait que les Jeux d’hiver ont un peu moins d’envergure en France que les Jeux d’été, ce qui est un petit peu frustrant parce que c’est tout aussi intéressant, souffle Gabriella Papadakis, médaillée d’argent en 2018 avec Guillaume Cizeron en danse sur glace. Le fait que ce soit à Paris on en parle encore plus donc on a peur de passer un peu à la trappe, surtout que Tokyo, ça vient juste de se passer, il y a eu la pandémie… C’est plus une peur de passer à la trappe. »
Le fait que Paris 2024 soit sur toutes les lèvres provoque de la frustration, même s’il est finalement compris par beaucoup de sportifs d’hiver. Ceux qui seront du voyage à Pékin dans quelques semaines l’entendent parfaitement. « Je sais très bien que les Jeux d’été intéressent plus, c’est plus suivi, tempère Clément Noël. Même moi les Jeux d’été ça m’intéresse beaucoup. Et c’est normal car les sports d’hiver dans notre pays sont beaucoup plus marginaux. C’est normal et ça ne me pose pas de souci. » « D’avoir des Jeux en France c’est une très belle chose, ça n’arrive pas tous les jours, abonde Guillaume Cizeron. Je trouve ça normal qu’on parle beaucoup de Paris 2024. Nous, on est très fiers d’accueillir les Jeux dans notre pays. Mais il pourrait y avoir un effort à faire pour valoriser les sports d’hiver autant que les sports d’été. »
Un enchaînement en Asie
L’intérêt pourrait pourtant aller en grandissant. La saison d’alpin a repris le week-end dernier, et le mois de novembre verra le coup d’envoi des saisons de Coupe du monde dans plusieurs disciplines, notamment le biathlon. De quoi faire monter la pression avant de disputer des Jeux qui, pour frustrer encore les concernés, seront loin de la France, et dans à des horaires nocturnes. « Moi je ne trouve pas forcément ça génial que ce soit en Asie deux fois de suite, ajoute Clément Noël. Sur des terres de non ski. Alors peut-être qu’ils aiment les sports de glace mais encore, la Chine, pas sûr. Ça nous prive d’une ambiance, d’une passion. Il faut que les JO ça vienne d’une passion et ce n’est pas forcément ce qu’on sent là-bas. D’autant plus que ce sera diffusé à des heures pas possibles chez nous. »
À 100 jours de la cérémonie d’ouverture, les Jeux ne déchaînent pas encore les passions. Et Pékin doit encore trouver sa place entre Tokyo et Paris. (OuestFrance)