Le candidat démocrate à la Maison Blanche a annoncé ce mardi avoir choisi la sénatrice Kamala Harris, 55 ans, pour défier avec lui Donald Trump dans les urnes le 3 novembre et devenir, première femme noire colistière aux États-Unis qui pourrait aussi devenir la première vice-présidente.
Joe Biden a choisi Kamala Harris comme colistière pour l’élection présidentielle américaine de novembre. La sénatrice de 55 ans, devient ainsi la première femme noire sur un ticket présidentiel dans l’histoire des États-Unis.
La sénatrice de Californie est aussi la première personne d’origine indienne à briguer la vice-présidence des États-Unis.
« En route pour la victoire », a tweeté dans la soirée Joe Biden, 77 ans, après une avalanche de réactions positives chez les grands noms démocrates mais aussi les sportifs, avec LeBron James, ou les célébrités comme Taylor Swift.
« Mauvais pour l’Amérique »
Joe Biden et Kamala Harris s’exprimeront ensemble ce mercredi à Wilmington, dans l’État du Delaware, le quartier général du candidat démocrate.
Donald Trump a lui vite donné le ton des échanges à venir.
« Joe le mou et Kamala l’imposture, faits pour être ensemble, mauvais pour l’Amérique », dénonce une vidéo tweetée par le président américain.
En conférence de presse, il s’est dit « surpris » par cette décision, en taclant la nouvelle colistière pour ses performances « médiocres » à la primaire démocrate.
« Elle a eu de très mauvais résultats aux primaires. Et ça, c’est comme un sondage », a ajouté le président républicain.
Malgré des débuts en fanfare, Kamala Harris avait jeté l’éponge dès décembre dans la course à l’investiture présidentielle, avant même le premier scrutin, faute de bons résultats et de moyens, puis s’était ralliée derrière Joe Biden en mars.
« Rassembleur »
« J’ai l’immense honneur d’annoncer que j’ai choisi Kamala Harris, combattante dévouée à la défense courageuse des classes populaires et l’une des plus grands serviteurs de l’État, comme ma colistière ». C’est par ce tweet que Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, a finalement dévoilé le secret après des jours de suspense.
« Lorsque Kamala était procureure générale, elle a travaillé en étroite collaboration avec Beau » Biden, son fils décédé d’un cancer en 2015 dont il était très proche, a poursuivi le vétéran de la politique.
« J’ai observé comment ils ont défié les grandes banques, aidé les travailleurs, et protégé les femmes et enfants face aux mauvais traitements. J’étais fier à l’époque, et je suis fier désormais de l’avoir comme partenaire pour cette campagne ».
Kamala Harris a réagi en employant l’image de « rassembleur » sur laquelle fait campagne le candidat à la Maison Blanche.
« Joe Biden peut rassembler les Américains car il a passé sa vie à se battre pour nous. Et quand il sera président, il construira une Amérique à la hauteur de nos idéaux », a-t-elle tweeté.
Pionnière
Depuis les débuts de sa carrière, cette fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne accumule les titres de pionnière.
« Ma mère me disait souvent : Kamala, tu seras peut-être la première à accomplir de nombreuses choses. Assure-toi de ne pas être la dernière », aimait à répéter Kamala Harris lors de sa campagne malheureuse pour l’investiture démocrate.
Après deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011), elle a été élue, deux fois, procureure générale de Californie (2011-2017), devenant alors la première femme, mais aussi la première personne noire, à diriger les services judiciaires de l’État le plus peuplé du pays.
Puis en janvier 2017, elle a prêté serment au Sénat à Washington, s’inscrivant comme la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la deuxième sénatrice noire dans l’histoire américaine.
« En plein dans le mille »
Les appels pour que le candidat démocrate choisisse une colistière noire se multipliaient depuis le mouvement de protestation historique contre le racisme et les violences policières provoqué aux États-Unis par la mort de George Floyd fin mai. Il avait promis dès mars qu’il choisirait une femme.
Dans son dernier tweet avant l’annonce, Kamala Harris écrivait justement, à propos du Congrès, que les « femmes noires et de couleurs ont pendant longtemps été sous-représentées aux postes d’élues, et en novembre, nous aurons l’occasion de changer cela. Mettons-nous au travail ».
Barack Obama s’est réjoui de cette décision « en plein dans le mille ». « Je connais la sénatrice Harris depuis longtemps », a souligné l’ex-président américain encore très populaire chez les démocrates. « Elle est plus que prête pour le poste ».
Celle qui rêvait de briser le plafond de verre en devenant la première femme présidente des États-Unis, Hillary Clinton, candidate malheureuse à la présidentielle de 2016, s’est dite « ravie » de ce duo « historique ».
Dauphine désignée pour l’élection de 2024
À 78 ans en janvier, Joe Biden serait le plus vieux président américain à prendre ses fonctions s’il remportait l’élection. Il a laissé entendre qu’il ne ferait qu’un mandat et sa vice-présidente devrait donc apparaître en dauphine désignée pour l’élection de 2024, voire être appelée à le remplacer en cas de grave souci de santé, ou de décès.
Si elle est proche du candidat, qu’elle appelle « Joe » en public, Kamala Harris avait surpris en l’attaquant avec virulence lors de leur premier débat démocrate, en 2019. Et certains électeurs progressistes lui reprochent son passé de procureure à la réputation dure envers les minorités.
Mais son expérience de procureure lui avait aussi valu les applaudissements des démocrates, et les critiques des républicains, lors de son interrogatoire cinglant du candidat controversé à la Cour suprême Brett Kavanaugh en 2018.
Donald Trump l’a redit jeudi : elle fut selon lui « la plus méchante, la plus horrible, la plus méprisante de tout le Sénat américain ». (OuestFrance)