L’association SOS Chrétiens d’Orient visée par une enquête pour complicité de crimes de guerre

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Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire visant l’association SOS Chrétiens d’Orient pour « complicité de crimes de guerre ». L’ouverture de cette investigation fait suite à la publication d’une enquête du site d’investigation en ligne Mediapart, qui a révélé en septembre 2020 que l’ONG avait noué des partenariats avec plusieurs milices syriennes pros Bachar al-Assad accusées d’être responsables de crimes de guerre en Syrie. L’enquête a été confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH). C’est la première fois que cet office chargé, entre autres, d’enquêter sur les criminels de guerre présumés présents sur le territoire national, s’intéresse aux activités d’une association française. Des miliciens directement bénéficiaires des dons Dans son dossier, Mediapart révélait que certains des partenaires syriens de SOS Chrétiens d’Orient, à la tête de milices pro-Assad, étaient accusés par des ONG syriennes d’avoir pillé des villages, bombardé des civils et entraîné des enfants au combat. À l’époque, l’association avait dénoncé des accusations « délirantes », prétextant que ces milices se contentaient de se « défendre eux et leurs familles contre l’État islamique et Al-Qaïda », selon Mediapart. Au centre de l’enquête figurent deux chefs de milices chrétiennes, partisanes de Bachar al-Assad, Simon al-Wakil et Nabel al-Abdullah, selon Mediapart. Ils appartiennent tous deux aux Forces de défense nationale (NDF), une branche de l’armée syrienne, responsable de crimes de guerre selon l’ONG Human Rights Watch. Ils auraient participé, entre autres, au massacre d’al-Koubeir, où 78 villageois, dont des enfants, ont été assassinés en quelques heures selon l’ONG Pro-Justice. SOS Chrétiens d’Orient a collecté plusieurs milliers d’euros de dons depuis 2016 pour mener des opérations « humanitaires » avec le concours des miliciens de NDF, d’après nos confrères de Mediapart. Les miliciens seraient parfois, à l’issue d’opérations financières très opaques, directement bénéficiaires des dons. L’association entretient toujours des liens étroits avec ces miliciens, en particulier à Mhardeh, selon le site d’investigation, qui rappelle que le directeur général de SOS Chrétiens d’Orient, Benjamin Blanchard s’affichait encore aux côtés du commandant Simon al-Wakil à l’automne 2021. Une association clairement marquée à l’extrême droite L’association de soutien aux chrétiens d’orient, qui se présente comme apolitique, est ancrée à l’extrême droite depuis sa création, en 2013, par des militants de la Manif pour tous. Son président, Charles de Meyer, est l’actuel assistant parlementaire de Thierry Mariani, eurodéputé du Rassemblement national. Benjamin Blanchard, le directeur de l’association, a quant à lui été assistant parlementaire du Front national et est toujours animateur vedette de Radio Courtoisie, classée à l’extrême droite. Certains de ses militants sont également engagés aux côtés d’Éric Zemmour candidat de « Reconquête ! » à l’élection présidentielle. SOS Chrétien d’Orient a en outre été visée par une procédure de radiation de l’association des partenaires de la Défense nationale par le ministère des Armées. Ce label prestigieux avait été décerné dans des conditions controversées, en 2017, par simple décret du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, comme l’avait rapporté Libération. (Le Parisien)