L’ambiance au Qatar l’hiver prochain est en passe d’en prendre un coup. Dos au mur et condamnée à espérer des résultats favorables ailleurs, la Colombie pourrait bien rater l’avion pour le Mondial, où une délégation fournie a l’habitude d’habiller les tribunes du jaune de la Seleccion et enflammer les travées à coup de «Si, se puede !» («Oui, nous pouvons»). Sixième du classement des qualifications de la zone Amérique du Sud, la Colombie aura besoin d’un miracle pour prétendre à s’envoler vers l’Émirat. Déjà assurée de ne pas se qualifier directement (seuls les quatre premiers sont qualifiés : Brésil, Argentine, Équateur et Uruguay), la sélection colombienne doit l’emporter au Venezuela dans la nuit de mardi à mercredi (1h30), tout en espérant un faux pas du Pérou dans le même temps contre le Paraguay.
Si s’imposer chez la lanterne rouge ne semble pas insurmontable pour la Tricolor, c’est surtout du côté de Lima, où le Pérou reçoit un Paraguay déjà éliminé depuis un mois (8e), qu’il faudra être attentif. Enfin, pas pendant le match : «Nous devons nous protéger des résultats secondaires avant que ceux-ci nous mènent finalement vers notre objectif, a insisté le sélectionneur colombien Reinildo Rueda dimanche. Nous ne devons pas nous inquiéter ni informer les joueurs, on doit se concentrer sur un match déjà très exigeant.»
Les Cafeteros (producteurs de café) seront donc invités à se focaliser uniquement sur un match couperet tout en étant suspendus au résultat d’une autre rencontre avant d’imaginer un éventuel grand bonheur. Un cas de figure bien connu des phases finales de Coupe du monde et autres compétitions internationales, mais toujours source de stress pour les équipes concernées. «Nous sommes arrivés à un stade que nous n’aurions préféré éviter, convient le technicien. C’est un moment difficile, avec beaucoup d’anxiété et beaucoup d’émotion.»
Falcao et James, symboles d’une attaque vieillissane et en berne
Mais comment en sont-ils arrivés à jouer leur avenir conjointement dans un pays où ils n’ont plus gagné depuis 25 ans, tout en croisant les doigts pour une improbable défaillance péruvienne ? Et bien en rendant les armes contre ce même Pérou, passé devant la Tricolor au prix d’une victoire étriquée fin janvier (0-1). Ultra-dominatrice (30 tirs, 70% de possession), la Colombie s’était inclinée à la maison sur l’unique tentative cadrée des visiteurs. C’est aussi et surtout la maladresse offensive des Colombiens qui leur a fait défaut, alors que seulement 2 tirs sur 30 ont trouvé le cadre.
Une maladresse rédhibitoire pour Radamel Falcao et compagnie, qui sont restés sur 7 matches de qualifications sans trouver le chemin des filets avant la victoire de l’espoir contre la Bolivie vendredi (3-0). Une victoire qui portait notamment le sceau de la nouvelle pépite locale, Luis Diaz (25 ans), en pleine explosion à Liverpool, qui laisse imaginer que la nation sud-américaine forme encore d’excellents joueurs de football.
Car le reste demeure vieillissant, à l’image du «Tigre» Falcao, muet depuis la deuxième journée de la phase éliminatoire, le 14 octobre 2020. Désormais âgé de 36 ans, l’ancien Monégasque représente malgré lui le crépuscule génération dorée de la Colombie, enthousiasmante au Mondial 2014 (éliminée par le Brésil, pays hôte, en quarts), et à nouveau qualifiée en 2018 (éliminée en huitièmes par l’Angleterre, aux tirs au but).
Deux grandes performances réalisées sous la houlette de José Pekerman, aujourd’hui sélectionneur… du Venezuela. Pendant ses six années de mandats à la tête des Cafeteros, l’Argentin de naissance avait notamment tiré le meilleur de la génération de James Rodriguez, véritable révélation d’un Mondial 2014 où il termina meilleur buteur (6 buts). Âgé de 30 ans et désormais exilé au Qatar, l’ancien du Real Madrid a certainement encore de belles années devant lui mais son influence est désormais limitée dans cet effectif vieillissant (27,8 ans de moyenne d’âge, deuxième effectif le plus âgé en Amérique du Sud). Un effectif qui pourrait bien voir passer le train du Mondial pour la dernière fois. (lefigaro.fr)