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Invictus Games ou la reconstruction par le sport pour les blessés de guerre

La cinquième édition des Invictus Games se tiendra du 16 au 22 avril à La Haye, aux Pays-Bas. Cette compétition sportive internationale, parrainée par le prince Harry, rassemble plus de cinq cents militaires et anciens combattants blessés ou en situation de handicap, dans douze disciplines.

Après Londres en 2014, Orlando en 2016, Toronto en 2017 et Sydney en 2018, les Invictus Games sont de retour. Cette année, une vingtaine d’athlètes porteront les couleurs de la France parmi les 19 nations représentées. Ce rassemblement était prévu en 2020 et a été reporté pour cause de pandémie de Covid-19.

Sur le modèle des Jeux paralympiques

La première édition avait été lancée au Royaume-Uni, en 2014, par le prince Harry, petit-fils de la reine Élisabeth II, quand il était rentré d’Afghanistan après avoir servi dans les rangs de l’armée britannique. Le prince Harry s’est inspiré notamment des Warrior Games, une compétition organisée chaque année en Californie par l’armée américaine pour ses soldats blessés.

On peut dire que les Invictus Games s’apparentent aux Jeux paralympiques, qui avaient enflammé le Royaume-Uni avec Londres 2012. Parmi les 4 400 athlètes qui étaient à Tokyo en 2021, une dizaine d’entre eux étaient des vétérans d’Afghanistan, blessés en opération.

Du volley-ball à l’athlétisme, en passant par le tir à l’arc, le golf, le rugby fauteuil ou encore la natation, chacun viendra se mesurer à l’autre, pour continuer à grandir et faire de son handicap une force.

Invictus (« invaincu » en latin) est un petit poème écrit en 1875 par le poète anglais William Ernest Henley qui, atteint de tuberculose, avait dû être amputé d’une jambe. Ce poème était aussi l’un des préférés de Nelson Mandela. Le poème s’achève sur deux vers emblématiques : « I am the master of my fate, I am the captain of my soul » (« je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme »). 

« Je n’avais dans la tête que l’idée de recourir »

Victime d’un AVC en exercice en 2001, tombé dans le coma, Sébastien était au moment du drame un coureur à pied émérite, qui réalisait des chronos plus qu’honorables, avant de se retrouver sur un fauteuil roulant. Durant deux longues années, il a dû réapprendre à marcher, avant d’envisager de se remettre à l’athlétisme pour se reconstruire physiquement et surtout psychologiquement. À La Haye, il participera à deux épreuves d’athlétisme : le 1500m et le 400m. De son AVC, il a gardé des séquelles hémiplégiques côté gauche.

« Quelques mois après mon AVC, je n’avais dans la tête que l’idée de recourir. Cela m’a sauvé. Au début, je courrais lentement, et comme je suis quelqu’un de très orgueilleux, une qualité, il fallait que je progresse vite. Je suis retourné en club, je me suis beaucoup entraîné, et j’ai commencé à faire des podiums aux championnats de France d’athlétisme handisport », confie Sébastien à RFI.

Un jour, un cadre du Centre National des Sports de la Défense (CNDS) de Fontainebleau lui propose de participer aux Invictus games d’Orlando en 2016. « Le sport m’a apporté un moral d’acier et une très grande volonté. Grâce au sport, je suis redevenu presque valide. Aujourd’hui, on me regarde plus comme une personne valide, que comme une personne handicapée. Avec le sport, je me suis senti valorisé », dit-il. Capable de courir les 10 km en 38 minutes (33 minutes avant son AVC) avec son handicap, il a même participé aux demi-finale de championnats de France de cross avec les valides.

L’histoire oubliée des conflits à travers la planète

Ces Invictus Games racontent aussi l’histoire des conflits à travers la planète. Des guerres la plupart du temps lointaines, avec des soldats blessés, amputés, que l’on ne voit pas. En Afghanistan, 89 soldats français ont été tués et on dénombre environ 700 blessés. En moins d’une décennie, 58 militaires de l’armée française ont perdu la vie au Sahel dans le cadre des opérations Serval puis Barkhane

« À Orlando, j’avais été impressionné de voir les Américains et les Irakiens se côtoyer dans le même hôtel, se souvient Sébastien. Quand on sait ce qui s’est passé entre ces deux nations, c’était émouvant de les voir se regarder sans méchanceté, uniquement sportivement ». Dans son discours de clôture en 2014, le prince Harry avait indiqué que les Invictus Games étaient aussi une compétition « où deux concurrents ont choisi de franchir la ligne la main dans la main, où les gagnants, à peine arrivés, se retournent pour applaudir et encourager ceux qui sont derrière ». Source: RFI

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