La deuxième édition des Rencontres Internationales d’Eloquence et de débat Francophone (RIDEF) organisées, depuis 2020, pour offrir à tous les jeunes francophones l’occasion de se retrouver, de créer des liens, de resauter et de réfléchir sur l’avenir de la Francophonie a tenu, samedi à l’Institut français de Lomé, toutes ses promesses. Prestigieuses compétitions d’éloquence et de débat structuré, les RIDEF 2022, phase finale, ont mis en compétition huit (8) pays africains sur la thématique « La jeunesse et les défis de la Francophonie de l’avenir ». Durant deux heures de mots croisés, dans des débats parlementaires (majorité contre opposition) et de duels très âpres, les concurrents ont réussi à tenir le public en haleine au point de le faire douter sur le juste choix. Mais, comme il fallait à tout prix choisir un champion, le jury, que présidait l’ancien Premier ministre, Me Joseph Kokou Koffigoh, a retenu Mlle Abidé Aguim du Togo comme prochaine ambassadrice pour les joutes oratoires internationales, à la satisfaction unanime.
La jeunesse, l’une des priorités transversales et au centre des actions de coopération de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), a besoin d’une éducation à la citoyenneté, pour forger son engagement positif dans les questions de développement, notamment l’environnement et les priorités de développement durable. A cet effet, l’OIF met un accent particulier sur le numérique comme étant un vecteur de transformation des sociétés. Mais, comme toute action concrète a pour origine les idées, les opinions, les avis dont la confrontation et le débat dans le respect permet de faire jaillir la solution la plus idoine pour les communautés, il importe que les jeunes se familiarisent à la prise de parole en public et dans une parfaite aisance. Pour ce faire, l’association Jeunesse Unie pour une Nouvelle Afrique (JUNA-TOGO) a décidé, depuis 2020, d’organiser les Rencontres Internationales d’Eloquence et de Débat (RIDEF) qui sont des championnats d’art oratoire pour aider les jeunes à perfectionner leurs capacités de persuasion et leurs talents d’argumentation, faisant d’eux de grands rhéteurs. Ces joutes verbales, à en croire les initiateurs, permettent aussi d’exprimer et de développer, non seulement des identités et des idées par un travail de raisonnement critique, mais également la prise de confiance en soi et des attitudes citoyennes par le travail d’équipe.
Eloquence, technique de prise de parole, compétence argumentative, prestance et charisme
Samedi, la phase finale de la deuxième édition de ces RIDEF a eu lieu sur la scène Jimi Hope de l’Institut français de Lomé autour du thème « La jeunesse et les défis de la francophonie de l’avenir ». Les compétiteurs sont venus du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’ivoire, du Cameroun, du Gabon, du Niger, de la République Démocratique du Congo et du Togo. Pour l’essentiel, les chocs d’opinion ont porté sur les épreuves de débats parlementaires où, sur la thématique, chacune des parties, majorité et opposition, devrait développer de solides arguments pour convaincre l’adversaire et, dans les duels (deux à deux), faire preuve de technique de prise de parole, de compétence argumentative, d’une aisance orale, bref d’une prestance, de charisme et d’éloquence. Et à juste titre, le public a été bien servi au grand rayonnement de la langue française. L’endurance, les attaques et répliques, dans le respect de l’autre, ont duré plus de deux heures au bout desquelles le jury de cinq membres, chapeauté par Me Joseph Kokou Koffigoh a déclaré Mlle Abidé Aguim, étudiante en management, lauréate de la 2e édition pour porter, désormais, les couleurs du Togo aux compétitions internationales. Elle est suivie, successivement, du Burkinabè Cédric Erwan Compaoré et de la Béninoise Sêdodè Udvance Weke.
La championne, à l’issue des résultats n’a pas caché son immense joie de se voir pour une deuxième, voire troisième fois lauréate, puisque c’est elle qui avait reçu le premier prix des joutes verbales Francophones et le trophée spécial Kayi Dogbé. Plusieurs autres candidats, aussi pertinents, les uns que les autres, ont reconnu la qualité du travail qui a été fait et salué l’issue heureuse.
Un concours pour soigner les maux qui minent le continent africain
« En tant que membre du jury, je peux dire que les prestations ont été de très bonne qualité. Il s’agit, non seulement, de célébrer l’art oratoire, mais surtout de donner du contenu au message et au discours pour que les arguments qui sont proposés puissent aider l’Afrique dans sa marche vers le progrès. Les thèmes choisis l’ont été pour cela et les candidats des huit pays ont fait preuve d’ingéniosité, de compétence, voire d’originalité pour développer des arguments avec les mots qu’il faut à la place qu’il faut, puisque c’est ça qui caractérise l’art oratoire, l’éloquence. Mon observation, c’est que la jeunesse togolaise se distingue de plus en plus par ses efforts. Comme on le sait, c’est une Togolaise qui est championne pour cette deuxième édition et nous ne pouvons que nous en réjouir. C’est la preuve qu’il y a un travail de formation qui se fait au niveau de notre jeunesse et que ceux ou celles parmi les jeunes qui veulent vraiment progresser, se distinguer et atteindre leurs objectifs savent comment faire pour mobiliser les ressources, comment se soumettre à la discipline de leurs coaches ou de leurs formateurs pour atteindre les objectifs », a fait savoir le président du jury, Me Joseph Kokou Koffigoh, avant de conclure que cela devra servir d’encouragement pour les autres.
L’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Gabon au Togo, président du groupe des ambassadeurs francophones, Sayid Abeloko, a situé la mission du groupe qui est un outil de la francophonie pour défendre les positions de l’action de l’institution dans les instances internationales et servir de régie du rayonnement de la langue française, surtout dans son bon usage.
Pour sa part, le promoteur de ces rencontres, M. Frédérick Tsatsu, a indiqué que l’idée est de pouvoir rassembler les jeunes francophones autour des mots pour soigner les maux qui minent le continent africain. Or, dans les pays francophones, il n’y a pas une structure dédiée à cela comme dans l’espace anglophone, d’où la création des RIDEF. Il s’est félicité du succès de cette édition et a remercié les différents partenaires qui œuvrent pour la lutte contre la permissivité morale et éthique, la tendance au « chacun pour soi » qui affaiblit le sens de l’intérêt général et du bien commun au profit de stratégies purement individualistes.
Pour une meilleure visibilité des actions des RIDEF, une assemblée élective a eu lieu, vendredi, pour porter sur les fonts baptismaux la Confédération Africaine des Arts de la Parole (CAAP). Organisation faîtière des structures promotrices des jeux d’oralité et d’événements liés aux arts de la parole en Afrique, elle est présidée par M. Frédérick Mawupenkor Tsatsu pour trois ans. (Togo Presse)