dimanche, novembre 24, 2024
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Comment décrypter les nominations du vice-président Tiémoko Meyliet Koné et du Premier ministre Patrick Achi en Côte d’Ivoire

Après les nominations du vice-président de la République, et du Premier ministre, comment lire et décrypter la décision du chef de l’État , et que retenir de cette semaine folle de supputations et de spéculations dans le pays ?

Du sens d’une démarche

La nomination d’un vice président en Côte d’Ivoire est un moment constitutionnel rare , car cela ne peut arriver qu’une seule fois dans un mandat présidentiel de 5 ans. Une seule fois en principe , mais pas une seule fois dans l’absolu, puisque rien n’interdit , ni n’empêche une autre nomination en cas de démission, d’empêchement ou encore de vacance du poste , pour une raison ou une autre, comme c’est à peu près le cas en Côte d’Ivoire. À peu près, puisque le mandat présidentiel en cours, est un autre mandat qui devait en principe donner lieu à une nouvelle nomination d’un vice-président, soit en reconduisant celui qui l’était sous le mandat précédent en l’occurrence Daniel Kablan Duncan s’il n’avait pas démissionné, soit en nommant une autre personnalité.

Cela dit , il s’agit d’un moment solennel.

On peut donc comprendre que le chef de l’État ait choisit de ne pas faire de la nomination du vice président de la République, un acte banal, un acte qui passerait inaperçu, et qui serait identique à tous les autres autres décrets , à toutes les autres décisions qu’il prend tous les jours.

Les ordonnances, les décrets, les décisions , le Président de la République les signe régulièrement. Comment pouvait-il se contenter de placer dans le même lot des décisions et des décrets qu’il prend , la nomination du vice président de la République ?

En fin de compte , la démission du Premier ministre et du gouvernement, l’adresse au congrès, donnent l’impression d’une remise à zéro au niveau institutionnel , au niveau des institutions en vue de remettre les choses à l’endroit . C’est ainsi que le chef de l’État a d’abord procédé à la nomination du vice-président de la République, avant de procéder à la nomination du Premier ministre, chef du gouvernement. Le message est clair s’agissant de la prééminence institutionnelle du vice président de la République, même si du point de vue technique le Premier ministre et le gouvernement sont dans l’opérationalité et manifestent une plus grande présence au quotidien sur le terrain.

Ceci étant , il ne faut pas oublier que le Président de la République peut déléguer des tâches précises au vice président de la République, et lui permettre d’agir avec des prérogatives et une capacité exécutive et opérationnelle aussi effective que celle du Premier ministre et des ministres. Trois questions se posent à l’issue de ce moment républicain et institutionnel auquel l’on a eu droit, hier ; et qui marque enfin la fin d’une semaine de rumeurs , de supputations, de spéculations, et de toutes sortes d’analyses.

Patrick ACHI est reconduit à son poste de Premier Ministre, est-ce que cela est une surprise ?

Ce n’est pas entièrement une surprise après la surprise du scénario et de l’agenda de la démission du mercredi 13 avril 2022. En effet depuis samedi 16 avril 2022 , des sources persistantes indiquaient que le chef du gouvernement serait reconduit. La démission n’étant pas intervenue dans un contexte de crise ou de conflit avec le Président de la République , quelques heures aussitôt après la démission, – malgré toutes les autres spéculations- tout semblait allait vers une reconduction. Cependant en la matière, le chef de l’État garde la main sur ces choses-là jusqu’au dernier moment. Aussi était-il conseillé de rester discret et prudent. En réalité , eu égard aux éléments évoqués plus haut , l’on comprend mieux pourquoi cette démission est intervenue ce jour précis.

Au-delà du mode opératoire

En effet , le président de la République voulait nommer le vice-président de la République d’abord. Et il voulait ensuite qu’il prête serment avant de prendre un décret pour le nouveau gouvernement, après avoir reconduit le Premier ministre après la signature du décret portant nomination du vice président de la République . En même temps, il ne fallait pas donner le sentiment que rien n’avait changé après ! C’est ainsi qu’il profite de ce moment républicain et institutionnel pour proposer aux ivoiriens et aux ivoiriennes un gouvernement resserré.

Tiémoko Meyliet KONÉ, est nommé vice-président de la République, quel commentaire ?

Je retiens que le vice-président de la République est issu de la Bceao comme le président de la République. Le président de la République le connaît assurément depuis plusieurs années. C’est son jeune frère. Ils ont de bons rapports. Tiémoko Koné avait rang de conseiller spécial auprès du Président de la République avant de partir à la Bceao. Il fut l’un des rares conseillers du Président de la République, par rapport aux conseillers simples.

En politique quel que soit le chef d’État ou même pour un simple manager, il y’a plusieurs options qui s’offrent et puis dans ces 1000 options, ou dans 1 million d’options, le décideur choisit une seule. Lorsque des circonstances se prêtent, parmi les 999 autres options, ou les 999999 autres options, le chef choisit une autre. Il tire, il sort les cartes et les jokers.

[ Une leçon de parcours de vie, et de parcours politiques ]

Ceci étant , nous avons affaire à une nomination méritée eu égard au parcours de l’homme. Et cela signifie que la confiance, la proximité qui a pu exister entre les deux hommes , et dont le nouveau vice-président ne s’est jamais prévalu, et pour laquelle il n’a jamais fait du bruit, paie aujourd’hui. Ceci est une leçon sur le parcours politique , sur la vie politique. Une leçon de vie qui mérite aussi d’être notée. C’est un enseignement pour les jeunes. Tout ceci obéit aussi à un bon tempo, à une bonne orchestration de la part du président de la République. Lui, il a un âge. Il a son âge. Après lui, il y a le vice-président qui a un âge, qui a son âge. Et il y’a le Premier ministre qui est le moins âgé des trois. Et naturellement dans le gouvernement, aucun ministre ne doit en principe être plus âgé que le Premier ministre. Il y’a une séquence qui se laisse lire pour mieux décrypter les choses.

Tiémoko Meyliet KONÉ pourrait-il être le candidat du RHDP à la présidentielle de 2025 ?

Il est encore tôt de le dire. En 2025, le vice-président de la République aura 75-76 ans, et d’aucuns peuvent déjà songer à le disqualifier soit parce que l’âge limite des candidats à l’élection présidentielle va être ramené à 75 ans, soit parce que le chef de l’État aura décidé de faire la place à plus jeunes que lui.

Le président de la République n’a pas abordé la question de la réforme de l’âge des candidats devant le Congrès . Cela signifie qu’il n’y a pas lieu de brider les ambitions des uns et des autres. En meme temps, il y’a lieu d’abord de laisser le vice-président de la République s’installer et prendre fonction, sans chercher à l’entraîner d’emblée dans ce genre de calculs et de spéculations. Nous venons de sortir d’une semaine qui a vu passer tout type de scénarios. Cette période doit être un appel à la réserve et à la prudence dans les analyses.

Les jeux restent ouverts pour tous, et le dernier mot à Ouattara, au Rhdp et aux ivoiriens et aux ivoiriennes

Les jeux restent donc ouverts pour tout le monde, en n’oubliant pas cela dépend du chef de l’Etat, du leadership que va pouvoir incarner le vice président lui-même, ensuite de la capacité du Premier ministre et du gouvernement à répondre aux exigences, aux priorités, aux ambitions et aux instructions du chef de l’État . Et puis après, le dernier mot reviendra d’une part aux militants du Rhdp et ensuite aux Ivoiriens dans leur ensemble, au-delà du Rhdp. Il y’a donc lieu de suivre les choses, et de voir comment dans les jours et les semaines à venir elles se passeront. Place donc au nouveau gouvernement , place au travail pour continuer de dérouler les projets et vision « Côte d’Ivoire solidaire et Côte d’Ivoire 2030 ».

Wakili Alafé

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