Au Sénégal, l’Orchestra Baobab a annoncé ce mercredi 27 avril la disparition de Rudy Gomis. Le chanteur est décédé à 76 ans des suites d’une longue maladie, là où il est né, en Casamance dans le sud du pays.
Rudy Gomis est l’un des membres fondateurs du Baobab, orchestre mythique, fondé il y a plus de 50 ans et qui joue toujours avec l’appui de nombreux jeunes musiciens. Sa disparition la nuit dernière, deux ans après celle du joueur de timbales Balla Sidibé, plonge à nouveau le groupe dans la tristesse.
« La voix rauque, qui crache. Mélodique, c’est cette voix que j’aime ». Rudy Gomis a fait résonner son timbre si particulier, unique, comme sur le titre afro cubain El Fuego durant plus de 50 ans. Doyen, membre fondateur du Baobab, sa disparition laisse, à nouveau, un vide, explique Thierno Kouyaté, le saxophoniste de l’orchestre et porte-parole de l’orchestre : « c’était un très grand chanteur, il a son empreinte dans le groupe. Il a écrit beaucoup de beaux textes. On va continuer à jouer les œuvres de Rudy. Mais, vraiment, c’est une grosse perte. » Rudy Gomis, Rudolphe Gomis à l’état civil, laisse en effet nombre de chansons originales comme Cumba, Tante Marie, etc.
Fin juillet 2020, comme un mauvais présage, la santé déjà fragile, le chanteur glissait à la sortie des obsèques de son immense copain-musicien Balla Sidibé : « je suis le prochain sur la liste ». Si le Baobab est toujours vivant aujourd’hui c’est aussi parce que ces anciens ont transmis leurs savoirs à de jeunes musiciens, notamment au guitariste René Sowatche qui a joué sur scène et participer à l’enregistrement du dernier album du Baobab Tribute to Ndiouga Dieng. « C’est une légende qui tombe. Il apportait vraiment quelque chose de particulier à l’Orchestra Baobab, à nous, à toute la musique africaine en général. Son sourire était toujours là malgré la rigueur, il cherchait le partage. Son rêve était de repartir en tournée avec nous, avec la jeunesse, de chercher ce mix entre le papa et les enfants ».
En mars 2021, à la demande du rappeur sénégalais Didier Awadi, Rudy Gomis acceptait de monter sur scène avec de jeunes musiciens, de jouer avec eux l’un de ses tubes, Gatakh, et aussi de raconter son histoire, d’évoquer notamment son sens de l’harmonie : « la mélodie, c’est une question de sentiment, de cœur. Pour avoir une bonne mélodie, il faut, je crois, être quelqu’un qui aime les gens, humble, il faut savoir pardonner. La musique pour moi, c’est seulement l’amour. » (rfi.fr)