Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a rendu hommage jeudi à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour sa stratégie « décisive » contre les coups d’État, après l’arrivée à Bissau de l’avant-garde d’une force de stabilisation.
Après une rencontre avec Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau, pays d’Afrique de l’Ouest théâtre en février d’une apparente tentative de coup d’État, Cyril Ramaphosa a estimé que l’Afrique devrait prendre exemple sur la CEDEAO, qui compte 15 pays membres.
« Le continent a beaucoup à apprendre de la façon dont la CEDEAO appréhende ce genre de sujets et fait face à une série de coups d’État », a-t-il estimé. Depuis août 2020, des militaires se sont emparés du pouvoir dans trois pays d’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso, la Guinée et le Mali, à la faveur de putschs. Ces trois pays ont été suspendus des instances de la CEDEAO.
« La détermination et la capacité à décider de la part des organes dirigeants de la CEDEAO sont remarquables et sont un très bon exemple pour le reste du continent », a ajouté Cyril Ramaphosa lors d’une conférence de presse commune avec son homologue bissau-guinéen.
Force d’appui
Bissau a été le théâtre le 1er février de ce que le président Umaro Cissoco Embalo a présenté comme une tentative déjouée de coup d’État ayant fait 11 morts, et liée selon lui au trafic de stupéfiants dans ce petit pays souvent décrit comme un narco-État.
Trois jours plus tard, la CEDEAO a annoncé la création d’une force d’appui à la stabilisation du pays. « La CEDEAO a trouvé une solution. En Guinée-Bissau, j’ai des troupes de la CEDEAO. Nous allons faire la même chose dans d’autres pays », a déclaré Umaro Cisissoco Embalo au côté du président sud-africain.
Interrogé par l’AFP à Bissau, le lieutenant Usmane Kuyate, porte-parole de l’armée bissau-guinéenne, a confirmé l’arrivée d’une avant-garde de la force de la CEDEAO. « Nous avons peu d’informations sur cette force notamment à propos de son déploiement sur le terrain », a-t-il néanmoins ajouté, « une partie est déjà arrivée, le reste est encore en route ».
« Des officiers supérieurs faisant partie de l’état-major de la force régionale sont en train d’inspecter les lieux où seront stationnées les troupes », a-t-il dit à l’AFP, précisant que la force compterait au total « 631 hommes, des Sénégalais, des Nigérians, des Ivoiriens et des Ghanéens ».
Stabilité
La CEDEAO avait déjà déployé une force pour la stabilité et la sécurité en Guinée-Bissau (Ecomib) après le coup d’État d’avril 2012 qui avait renversé le Premier ministre Carlos Gomes Junior.
Formée de plus de 1 000 militaires, gendarmes et policiers sénégalais, togolais, burkinabè et nigérians, elle a quitté le pays en septembre 2020 à la fin de son mandat, après avoir permis de garantir la stabilité du pays pendant huit ans.
La Guinée-Bissau, petite nation d’environ deux millions d’habitants, frontalière du Sénégal et de la Guinée, est abonnée aux coups de force. Depuis son indépendance du Portugal en 1974, elle a connu une kyrielle de coups d’État, militaires ou non, dont le dernier à avoir réussi remonte à 2012. (euronews)