A la COP15 d’Abidjan, la Côte d’Ivoire ambitionne de mettre fin à la déforestation et restaurer un milliard d’hectares de terres avec un programme financé à hauteur de 1,5 milliard de dollars. Mais certains n’y croient pas véritablement.
Replanter des forêts
L’ambitieux programme ivoirien met l’accent sur la restauration de 20% du couvert forestier ivoirien d’ici la fin de la décennie et la lutte contre la déforestation.
Or la Côte d’Ivoire, dont l’économie repose sur l’agriculture, est le premier producteur mondial de cacao et de noix de cajou et le cinquième mondial d’huile de palme (le deuxième producteur africain).
L’augmentation de sa production agricole est donc aussi une priorité gouvernementale. Une stratégie qui a pourtant détruit 80% des couverts forestiers du pays.
Produire plus
D’où l’augmentation des terres cultivables qui inquiète Rachel Lydie. Membre de la société civile, elle lutte pour une production durable et responsable en Côte d’ivoire et fait part à la DW de son « inquiétude » : « Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, on parle plus qu’on agit. Nous ne menons pas des actions concrètes. Comment pouvez-vous comprendre que dans un pays où l’économie repose sur l’agriculture, il n’y a pas de retenue d’eau ? Et nous voyons les forêts disparaître », constate-t-elle.
Avec son plan, la Côte d’Ivoire projette de mettre un coup d’arrêt à la déforestation et de miser sur la restauration des terres. Abou Bamba est co-auteur de l’initiative d’Abidjan, et président du comité d’organisation de la COP 15. Il se veut rassurant :
« La question qui se pose aujourd’hui, ce n’est pas de produire ou ne pas produire. Nous sommes amenés à vivre ou à survivre, nous sommes amenés à nourrir nos familles et les générations à venir… Nous sommes amenés à produire aussi des cultures de rente pour financer notre développement. Cependant, on va produire plus et on va produire mieux tout en préservant la base écosystémique et en faisant appel à des technologies modernes d’irrigation et de renforcement du processus de production durable.
Orpaillage clandestin
Même si Rachel Lydie reconnaît aussi qu’il existe des techniques pour produire plus sans détruire les forêts, un autre phénomène l’inquiète : c’est l’orpaillage clandestin qui pourrait compromettre les résultats de l’initiative d’Abidjan.
On estime à environ 500.000 le nombre de personnes qui dépendent de cette activité illicite en Côte d’Ivoire. « Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, il y a des villages qui existent où il n ‘y a même pas un pied d’arbre de karité, déplore Rachel Lydie qui remarque que « ces villages sont remplis de sites d’or ». Avec son organisation, elle dit avoir alerté les autorités. « Il faut qu’on passe à la phase concrète des actions à mener sur le terrain pour freiner le désert qui est là et freiner la destruction de la terre.
L’orpaillage clandestin s’est davantage développé ces deux dernières décennies en Côte d’Ivoire. Il a été au départ favorisé par la crise politico-militaire de 2002 à 2011.
Les autorités ivoiriennes se sont engagées durant la COP 15 à réduire le phénomène et restaurer les terres dégradées. Mais cet engagement n’est pas contraignant. (dw.com)