Plusieurs auteurs du continent africain, surtout la partie anglophone, figurent parmi les finalistes du Locus, un prix consacré aux écrivains de l’imaginaire. Il est décerné chaque année depuis plus de 30 ans par les lecteurs du magazine américain mensuel de science-fiction du même nom.
L’Afrique qui dominerait le monde, des extraterrestres qui s’installent sur le continent… L’imaginaire des auteurs de science-fiction en Afrique est foisonnant. Et intimement lié à l’histoire coloniale, selon Anthony Brangeon, professeur de littérature à l’université de Strasbourg. « Ce qui domine dans la littérature africaine francophone, c’est la thématique du monde à l’envers : et si on parvenait à renverser le rapport de force, et si c’était l’Afrique qui dominait le monde demain, et si ce sont les Européens qui sont désormais colonisés, ce sont les Européens qui veulent migrer en Afrique », analyse-t-il.
Les auteurs africains et de la diaspora sont de mieux en mieux représentés dans la littérature de science-fiction, ce genre littéraire qui fut longtemps le domaine réservé d’écrivains blancs occidentaux. Mais la donne est en train de changer ces dernières années.
Illustration de cette tendance : le roman Aux États-Unis d’Afrique, écrit par Abdourahman Waberi en 2006. Le continent y est dépeint riche et prospère à l’inverse d’une Europe miséreuse. Les auteurs anglophones quant à eux, décrivent plutôt des mondes alternatifs
« Les auteurs africains de science-fiction utilisent la science-fiction pour repenser les traumatismes du passé ou alors pour penser les problèmes du présent. Et les problèmes du présent, c’est le changement climatique et la catastrophe écologique », rapporte le professeur. Le roman du Zambien Nick Wood, Water must fall (« l’eau doit couler ») évoque les conséquences tragiques du dérèglement climatique. (rfi.fr)