dimanche, novembre 24, 2024
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Corruption. L’arrestation des frères Gupta, séisme en AFRIQUE DU SUD

L’arrestation à Dubai de deux des frères Gupta, principaux suspects dans le vaste scandale de corruption qui a abouti à la chute de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, a fait l’effet d’un séisme en Afrique du Sud.

L’annonce est tombée lundi soir, via un communiqué du ministère sud-africain de la Justice: Atul et Rajesh Gupta ont été arrêtés. Mardi la police de Dubaï, précisant que leur interpellation est liée à « des accusations criminelles et de blanchiment d’argent », affirme que leur extradition doit être finalisée.

La longue traque des sulfureux hommes d’affaires d’origine indienne qui ont siphonné les caisses de l’Afrique du Sud touche à sa fin.

La justice sud-africaine tente depuis des années de mettre la main sur la famille qui a réussi à faire de Jacob Zuma un pantin, acheté à coups de pots-de-vin tout au long de ses deux mandats à la tête du pays (2009-2018).

Officiellement, les deux frères entre les mains de la police étaient recherchés par Interpol dans le cadre d’une affaire autour d’un contrat douteux d’1,5 million d’euros.

Mais la richissime famille est plus largement accusée d’avoir infiltré le sommet de l’Etat grâce à sa longue amitié avec Jacob Zuma: influence sur les choix de ministres, pressions pour empocher des contrats publics, pillage des entreprises publiques (électricité, transports, aviation), avant de prendre la fuite.

Selon certaines estimations, le trio aurait raflé l’équivalent d’environ trois milliards d’euros au travers de ses activités illicites.

Le troisième frère, Ajay, n’est pas concerné dans ce chapitre mais est cité dans une autre affaire de détournements de fonds et corruption.

Le principal parti d’opposition, Democratic Alliance, s’est réjoui de ces arrestations, espérant qu’elles signent « le début des poursuites à l’encontre de ceux qui (…) ont pillé notre pays pendant des années et sont directement responsables des difficultés auxquelles des millions de Sud-Africains sont confrontés aujourd’hui.

Emprise

Après des révélations de presse régulières, un rapport explosif de la médiatrice de la République, Thuli Madonsela, dévoile fin 2016 l’ampleur de l’emprise: l’Afrique du Sud est outrée, la chasse à l’homme commence. La fratrie est poursuivie pour vol, fraude et association de malfaiteurs.

En 2018, une commission présidée par le juge Raymond Zondo et chargée d’enquêter sur la corruption d’Etat voit le jour. L’ANC, parti historique au pouvoir, pousse alors Zuma à la démission. Sentant le roussi, la famille Gupta s’évanouit dans la nature. La rumeur laissait entendre que ses membres auraient trouvé refuge à Dubai.

Un volet publié en avril du rapport du juge Zondo, dont les conclusions sont encore attendues, souligne qu' »il est clair que dès le début de son premier mandat, (l’ancien) président Zuma était prêt à faire tout ce que les Gupta voulaient qu’il fasse pour eux ».

Cyril Ramaphosa, qui a succédé à Zuma disgracié, a juré d’éradiquer la corruption. Rapatrier les Gupta serait un moyen éclatant d’honorer cette promesse. Mais le chef d’Etat est lui-même dans la tourmente.

Une plainte déposée la semaine dernière affirme que le président Ramaphosa, à la tête d’une importante fortune personnelle, a dissimulé un cambriolage datant de 2020 dans une de ses propriétés, à la police comme au fisc.

Les voleurs avaient trouvé sur place, dissimulés dans du mobilier, des liasses de billets d’un montant de 3,8 millions d’euros, selon cette plainte. L’ancien chef du renseignement sud-africain, Arthur Fraser, auteur de cette plainte, avance également que le président aurait ensuite « payé » les cambrioleurs « pour leur silence ».

M. Ramaphosa assure n’avoir jamais volé d’argent à quiconque, que les montants avancés sont très exagérés et dénonce l' »agenda politique  » de ses opposants, selon lui à la manoeuvre.

Cette affaire embarrasse toutefois le président alors que l’ANC doit décider d’ici décembre de son maintien ou non pour un deuxième mandat, lors de l’élection présidentielle de 2024. (Le Point)

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