lundi, novembre 25, 2024
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Cambodge. Douch, tortionnaire du régime khmer rouge, est mort à 77 ans

Douch a dirigé Tuol Sleng ou S21, la prison centrale de Phnom Penh où 15.000 personnes ont été torturées avant d’être exécutées par les Khmers rouges.

L’ancien tortionnaire « Douch », chef du plus redoutable centre de détention sous le régime cambodgien des Khmers rouges et condamné à la perpétuité, est mort ce mercredi à l’âge de 77 ans.

Aucune précision officielle n’a été donnée sur les causes du décès, qui a eu lieu à l’hôpital. Kaing Guek Eav, alias Douch, « souffrait d’une maladie pulmonaire depuis plusieurs années », a évoqué une source sous couvert d’anonymat.

Une prison où 15.000 personnes ont été torturées

Douch a dirigé Tuol Sleng ou S21, la prison centrale de Phnom Penh où 15.000 personnes ont été torturées avant d’être exécutées par les Khmers rouges. Installée le 17 avril 1975, cette dictature ultra-maoïste est tombée le 7 janvier 1979 sous les chenilles des chars du Vietnam socialiste, « frère ennemi ». Entre-temps, quelque deux millions de personnes furent tuées.

Kaing Guek Eav a été le premier Khmer rouge condamné par un tribunal pour crimes de guerre. En 2010, en première instance, une peine de 30 ans de prison a été prononcée à son encontre. Puis, deux ans plus tard, en appel, il a été condamné à la perpétuité.

Caché pendant des années

Né le 17 novembre 1942 dans un village de la province de Kompong Thom, au nord de Phnom Penh, Douch a été professeur de mathématiques avant de rejoindre les Khmers rouges en 1967.

Après la chute du régime, il a continué d’appartenir au mouvement puis a travaillé pour des organisations humanitaires. Caché pendant des années, il a été repéré en 1999 par un photographe irlandais, Nic Dunlop, et arrêté.

Devant ses juges, lors du premier procès, il a longuement expliqué la signification des tombereaux de documents découverts dans la prison à la chute du régime, et le processus au cours duquel les suppliciés étaient ensuite emmenés sur un site d’exécution à quelques kilomètres de là.

« Méticuleux, consciencieux, attentif à être bien considéré par ses supérieurs » selon les psychiatres, le tortionnaire avait tenu une administration rigoureuse des activités de la prison. « Je suis responsable émotionnellement et légalement », avait-il reconnu.

Entre repentance et déni

Converti au christianisme dans les années 1990, il a demandé pardon aux rares survivants et familles des victimes, acceptant d’être condamné à « la peine la plus stricte ». Mais l’accusé a ensuite abandonné cette stratégie d’aveux et de coopération avec la justice et réclamé sa libération en se qualifiant de simple secrétaire du régime.

L’accusation a décrit son « enthousiasme et sa méticulosité dans chacune de ses tâches », mais aussi sa « fierté » de diriger le centre de torture et « son indifférence à la souffrance » d’autrui.

L’ethnologue français François Bizot, trois mois captif de Douch en 1971 dans la jungle, a, lui, évoqué la « sincérité fondamentale d’un homme (…) prêt à donner sa vie pour la Révolution, et qui accomplissait la mission qui lui avait été attribuée ».

Au final, Douch n’a eu « aucun regret », estime Youk Chang, chef du Centre de Documentation du Cambodge, un organisme de recherche qui a fourni de nombreuses preuves au tribunal. Il espère que son décès « apportera un peu de réconfort aux vivants et que les morts pourront enfin reposer en paix ». (Bfm.tv)

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