Les plantations industrielles d’hévéas financées par l’UE contribuent à la déforestation massive en Afrique occidentale et centrale selon l’ONG Global Witness.
Selon les résultats de l’analyse des images satellites Landsat et Sentinel et de données commerciales recueillis par Global Witness, la demande de caoutchouc de l’Union européenne est le principal contributeur à l’empreinte de la déforestation de l’Europe en Afrique de l’Ouest et centrale à savoir : Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Libéria et Nigeria.
L’ONG Global Witness veut faire pression sur les législateurs européens pour qu’ils intègrent dans leur future loi pour lutter contre la déforestation importée le caoutchouc, pour l’instant exclu. En effet, dans projet de réglementation pour lutter contre la déforestation sont aujourd’hui concernés le bois, le cacao, le café, l’huile de palme, le soja et la viande de bœuf ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le chocolat et les meubles.
«Nous avons constaté que la culture industrielle du caoutchouc en Afrique occidentale et centrale semble être responsable de près de 520 km2 de déforestation depuis 2000, une superficie 16 fois plus grande que Bruxelles. Les écosystèmes touchés par l’hévéa vont des réserves forestières du Nigéria et du Ghana aux forêts équatoriales anciennes du Cameroun et du Gabon », soulignent les auteurs de l’enquête.
Global Witness a cartographié 40 plantations industrielles d’hévéas dans six États africains producteurs de caoutchouc : le Cameroun, le Gabon, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Libéria.
Presque toutes les plantations où la déforestation a été constatée sont actuellement détenues par seulement trois sociétés internationales : les sociétés singapouriennes Olam et Halcyon Agri, et la société française et belge Socfin, cotée à la bourse de Luxembourg. Halcyon Agri et Socfin en particulier ont été des fournisseurs de géants européens du pneumatique tels que Michelin et Continental.
Global Witness tient l’Europe en partie responsable de cette déforestation en Afrique de l’Ouest et du Centre pour deux raisons principales. Premièrement via le commerce, l’UE important plus de 30% des exportations de caoutchouc des principaux producteurs africains. Les importations de caoutchouc de l’UE représentent en valeur plus de 12 fois les importations d’huile de palme de la région souligne l’ONG.
Ainsi, en 2020, selon les données de l’Observatory of Economic Complexty , l’UE aurait importé d’Afrique de l’Ouest et du Centre pour $503 millions de caoutchouc naturel contre seulement $39 millions pour l’huile de palme. Or, l’huile de palme d’Afrique, qui est très peu exportée si ce n’est dans la sous-région, figure dans le projet de loi européen sur la déforestation importée.
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