L’Union africaine, en général, et le Conseil de paix et de sécurité de l’organisation, en particulier, suivent avec une attention particulière les efforts actuels des dirigeants tchadiens qui tentent de rassembler l’opposition, tant politique que celle des nombreux groupes armés, à la faveur d’un dialogue national dont l’objectif est de parvenir à une réconciliation effective. Celui-ci est programmé samedi prochain et, déjà, le président en exercice de l’UA, le chef d’État sénégalais Macky Sall, se trouve à pied d’oeuvre dans la capitale tchadienne depuis deux jours.
La mission première reste, bien sûr, de veiller au retour à l’ordre constitutionnel, le Tchad ayant souscrit à la période de transition au lendemain de la mort du président-maréchal Idriss Déby Itno, en avril 2021, au cours d’affrontements avec des groupes armés, non loin de la frontière tchado-libyenne. Il faut dire qu’en la matière, l’UA a bien du pain sur la planche, vu le nombre de régimes en transition à travers l’ensemble du continent et tout particulièrement dans la région sahélienne. Accompagné par de hauts responsables de l’organisation régionale, le président Macky Sall va donc prendre le pouls d’un Tchad convalescent où la dynamique du dialogue inclusif devrait permettre de sortir d’un marasme qui aura duré de nombreuses décennies, alimenté en cela par de multiples tensions locales et régionales ainsi que par des ingérences étrangères persistantes dont l’ambition déclarée serait de protéger le pays, à l’instar des autres pays voisins du Sahel, de la montée en puissance des groupes terroristes. Faites ce que l’on vous dit et ne regardez pas ce que l’on fait, un proverbe qui résume parfaitement la donne et explique l’exacerbation des populations concernées dont le sentiment profond est que l’on cherche à leur faire prendre des vessies pour des lanternes.
Outre un examen approfondi du chemin parcouru par l’autorité de transition en vue de restituer le pouvoir aux civils dans les 18 mois consentis par l’UA comme un «délai raisonnable», la délégation conduite par le président Sall comprend, entre autres responsables, le commissaire à la paix et la sécurité, Bankole Adeoye, aura des entretiens avec l’ensemble des acteurs politiques du pays, majorité et opposition confondues, ainsi les représentants de la société civile.
L’enjeu majeur reste celui de la bonne gouvernance et la condition, celle d’un strict respect des règles édictées par l’UA à l’adresse des États membres, sans exclusive aucune.
L’UA a pour mission d’accompagner ces États en transition dans le processus d’un dialogue inconditionnel entre toutes les parties prenantes de la crise et, à ce titre, on peut dire que la démarche tchadienne constitue un moment judicieux pour assurer autant que rassurer sur le bien-fondé de cette politique. (L’Expression)