samedi, novembre 23, 2024
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Sénégal : l’opposant Ousmane Sonko met le cap sur la présidentielle de 2024

DÉCLARATION. L’annonce de sa candidature intervient dans la foulée des législatives du 31 juillet, qui ont vu le camp présidentiel perdre la majorité absolue au Parlement.

Une semaine après la publication des résultats des dernières élections législatives du 31 juillet qui ont vu l’intercoalition de l’opposition Yewwi Askan Wi ? Wallu Sénégal, obtenir 80 sièges à l’Assemblée nationale, talonnant de très près la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakar (82 députés), le principal opposant sénégalais, Ousmane Sonko, a officialisé sa candidature à la présidentielle de 2024 et dévoilé sa feuille de route pour les prochains mois.

La feuille de route de Sonko

Son objectif principal : occuper le terrain politique à quelque dix-huit mois de la prochaine grande échéance électorale. Pour les observateurs de la vie politique sénégalaise, la candidature Sonko, troisième à la présidentielle de 2019, ne faisait pas de doute. « Moi, Ousmane Sonko, s’il plaît à Dieu et si mon parti le veut, je suis candidat à l’élection présidentielle de 2024. Personne n’est mieux placé que nous pour gagner », a-t-il déclaré, jeudi 18 août, devant la presse à Dakar, avec pour seul décor une affiche « Focus 2024 » aux couleurs de son parti, Pastef.

Ousmane Sonko veut déployer une stratégie de conquête sur plusieurs plans. « Je veux dire aux militants et aux militantes d’orienter tous leurs efforts à enrôler les jeunes primo votants pour qu’ils aillent massivement s’inscrire sur les listes électorales, à implanter des cellules dans toutes les parcelles du territoire national », a souligné le candidat déclaré.

Il entend aussi faire pression au c?ur de l’Assemblée nationale. « Nous avons beaucoup travaillé à identifier énormément de projets de loi. Nous avons également identifié un certain nombre de scandales sur lesquels il faudra exiger la mise en place de commission d’enquête parlementaire », a-t-il averti.

Ousmane Sonko, 49 ans, chef du parti Pastef, élu maire de Ziguinchor (Sud) en janvier, tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Il pilonne aussi l’emprise économique et politique exercée, selon lui, par l’ancienne puissance coloniale française et les multinationales. Défenseur des valeurs religieuses et traditionnelles, tranchant par son âge avec une grande partie de la classe politique, à l’aise dans les médias, l’ancien inspecteur des impôts à la rapide ascension politique jouit d’une grande popularité parmi les jeunes dans une population dont plus de la moitié a moins de 20 ans.

Sonko, Macky Sall et la France

Ses détracteurs dénoncent en lui un populiste n’hésitant pas à souffler sur les braises sociales. Il est depuis 2021 sous le coup d’une inculpation pour viols présumés contre une employée d’un salon de beauté où il allait se faire masser. Sa mise en cause avait contribué à plusieurs jours d’émeutes meurtrières, de pillages et de destructions. Ousmane Sonko crie à la machination du pouvoir. C’est parce que Macky Sall et la France redoutent son avènement que, « tous les jours, leurs laboratoires tournent à plein régime en fabriquant énormément de complots. Leur objectif est de trouver un motif de condamnation pour empêcher la candidature d’Ousmane Sonko », a-t-il dit.

Il a notamment accusé, le chef de l’État, Macky Sall, de susciter des dossiers « de terrorisme, de rébellion, de viol imaginaire fabriqués avec le soutien de la France » et s’en est pris à des « médias français, porte-voix officieux de l’Élysée » qui le décriraient en « dangereux homme politique ». Il a répété ne rien avoir contre le peuple français.

Une certaine idée de la politique africaine et sous-régionale

L’opposant sénégalais s’est également exprimé sur la politique africaine de son pays, attaquant une nouvelle fois au passage le président Macky Sall et la France, concernant le cas précis du Mali. « Nous avons vu que Macky Sall a rapatrié les quelques éléments sénégalais qui étaient là-bas, puisqu’ils n’étaient pas là-bas en tant que Sénégalais, ils étaient là-bas parce que la France lui avait demandé d’amener des troupes », a dit Ousmane Sonko, apportant un soutien appuyé au chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta. S’il est élu, « nous dépêcherons des troupes pour soutenir nos frères maliens et en finir avec cette gangrène », a ajouté Ousmane Sonko en parlant de la propagation djihadiste à laquelle est en proie le Mali depuis 2012, qui a gagné ses voisins burkinabè et nigériens et qui inquiète toute la sous-région.

Ousmane Sonko a ainsi dit « encourager le président Assimi Goïta parce qu’il n’a pas perdu la face ». Le colonel Goïta a pris et raffermi son pouvoir à la faveur de deux coups d’État en 2020 et 2021, avec le projet déclaré de redresser le pays et de rétablir la sécurité. Sous sa direction, le Mali s’est détourné de la France et ses anciens alliés, et tourné vers la Russie.

Son message a fait réagir l’armée sénégalaise. L’armée sénégalaise, une des principales contributrices en soldats et en policiers à la force de l’ONU chez le voisin malien, a assuré maintenir son niveau de participation à la Minusma, répondant au principal opposant sénégalais et candidat déclaré à la présidentielle. Le bataillon sénégalais basé à Sévaré (centre Mali) a entamé sa relève cette semaine, a rapporté la Minusma sur les réseaux sociaux. Le Sénégal a en fait procédé, comme d’autres, à une « relève périodique », a écrit l’état-major dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi, juste après la prise de parole du candidat déclaré à la présidentielle. « Contrairement à certaines informations données dans la presse, le Sénégal ne s’est pas désengagé du Mali », a-t-il dit. La relève de cette semaine est « une opération normale visant à remplacer, nombre pour nombre, les troupes engagées » par le Sénégal « dès les premières heures de la crise », dit-il. Le Sénégal compte 1 300 soldats, gendarmes et policiers au sein de la Minusma, précise-t-il. La Minusma compte environ 17 500 hommes et femmes, dont plus de 13 000 soldats et policiers. La course à la présidentielle est désormais bien lancée, outre Sonko, un autre opposant, l’ancien ministre Malick Gackou, a annoncé, plus tôt, mercredi, sa candidature en 2024. (Le Point)

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