vendredi, novembre 22, 2024
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Algérie. Le journaliste Khaled Drareni condamné à deux ans de prison en appel

Le journaliste algérien Khaled Drareni reste en prison. La Cour d’Alger l’a condamné en appel, mardi, à deux ans de prison ferme pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale ».

Incarcéré depuis le 29 mars, le journaliste algérien Khaled Drareni, devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse, a été condamné en appel, mardi 15 septembre, à deux ans de prison ferme par la Cour d’Alger et reste donc en prison.

« Deux ans de prison ferme pour Drareni. Nous allons faire un pourvoi en cassation », a déclaré à l’AFP Me Bouchachi.

« Son maintien en détention est la preuve d’un enfermement du régime dans une logique de répression absurde, injuste et violente », a par ailleurs réagi Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF), dont Khaled Drareni est le correspondant en Algérie.

Khaled Drareni avait été condamné le 10 août dernier à trois ans d’emprisonnement pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale ». La sentence, d’une sévérité inédite, avait surpris et indigné ses confrères.

Lors du procès en appel, il y a une semaine, le procureur a requis — comme en première instance — quatre années de prison ferme contre le fondateur du site d’information en ligne Casbah Tribune, qui est également le correspondant en Algérie pour la chaîne de télévision française TV5 Monde et pour l’ONG Reporters sans frontières (RSF).

Le journaliste, âgé de 40 ans, a été arrêté après avoir couvert le 7 mars à Alger une manifestation d’étudiants. Il est aussi accusé d’avoir critiqué sur Facebook « la corruption et l’argent » du système politique et d’avoir publié le communiqué d’une coalition de partis politiques en faveur d’une grève générale, selon RSF.

Le ministre de la Communication Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement, lui reproche en outre d’avoir travaillé sans jamais avoir eu de carte de presse professionnelle.

« Je suis un journaliste et non un criminel. Je n’ai fait que mon métier »

Khaled Drareni a été jugé en compagnie de Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, deux figures du « Hirak », le soulèvement populaire qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an jusqu’à sa suspension à la mi-mars en raison de la crise sanitaire.

Sous le coup des mêmes chefs d’accusation, ces deux derniers ont bénéficié, le 2 juillet, d’une remise en liberté provisoire, alors que Khaled Drareni a été maintenu en prison. Le procureur a également requis quatre ans de prison ferme contre eux.

Pendant le procès en appel, au cours duquel il est apparu amaigri, le journaliste a catégoriquement rejeté les accusations portées contre lui. « Je suis un journaliste et non un criminel. Je n’ai fait que mon métier », a-t-il plaidé.

Dans un communiqué, RSF a dénoncé, lundi, « les pressions et les tentatives de corruption » dont ce journaliste expérimenté a été la cible ».

Selon notre correspondante à Alger, Soundousse Brahimi, plusieurs dizaines de soutiens à Khaled Drareni se sont réunis devant le tribunal pour dénoncer la sévérité de ce jugement.

Répression accrue à l’encontre des militants du « Hirak »

Le procès de Khaled Drareni s’inscrit dans un contexte de répression accrue à l’encontre de militants du « Hirak », d’opposants politiques, de journalistes et de blogueurs.  

Certains journalistes ont été accusés par le régime de semer la discorde, de menacer l’intérêt national et surtout d’être à la solde de « parties étrangères ». Plusieurs sont en prison et des procès sont en cours.

L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a perdu cinq places par rapport à 2019 (141e) et 27 par rapport à 2015 (119e).

« Il est important de continuer la mobilisation, y compris la pression médiatique vis-à-vis des autorités judiciaires mais aussi politiques pour qu’ils comprennent que nous ne lâcherons pas », a déclaré, lundi, à l’AFP Hakim Addad, un activiste du « Hirak ».

Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), quelque 45 personnes sont actuellement derrière les barreaux pour des faits liés à la contestation. (France24/Afp)

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