Les forces armées nigérianes sont accusées d’avoir mené depuis près de dix ans un programme d’avortements de masse sur des femmes rescapées des groupes jihadistes dans le nord-est du pays, selon une enquête de l’agence de presse Reuters publiée le 7 décembre, et démentie en bloc par l’armée.
L’enquête de l’agence de presse révèle que l’armée nigériane mène depuis 2013 un programme « d’avortements secrets, systématiques et illégaux dans le nord-est du pays, mettant fin à au moins 10 000 grossesses chez des femmes et des jeunes filles, dont beaucoup avaient été enlevées et violées par des combattants jihadistes« .
Pilules et injections
« La plupart des avortements » ont été pratiqués sans le consentement de ces femmes, « souvent » à leur insu, rapportent les journalistes qui s’appuient sur les témoignages de 33 femmes et jeunes filles, 5 travailleurs de santé et 9 personnels de sécurité impliqués dans ce programme, mais aussi sur des documents militaires et des registres d’hôpitaux.
Les femmes et les filles étaient enceintes de quelques semaines à 8 mois. « Certaines n’avaient que 12 ans », affirme cette enquête. Selon les témoignages recueillis par les journalistes, les soldats leur disaient que les pilules et les injections données « étaient destinées à rétablir leur santé et à combattre des maladies telles que le paludisme ». « Dans certains cas, les femmes qui résistaient étaient battues, frappées à coups de bâton, tenues en joue ou droguées pour qu’elles obéissent », ajoute cette enquête.
L’armée, dans un document de cinq pages cité dans l’enquête de Reuters, nie l’existence d’un tel programme. Elle assure que sa mission est de protéger les civils, et affirme que l’enquête est « une insulte aux Nigérians et à leur culture ». (Jeune Afrique)