Lancé en janvier, le nouveau mouvement d’opposition au Burkina Faso accuse la junte au pouvoir de restreindre la liberté d’expression et de porter atteinte à la démocratie.
Le groupe a publié un manifeste qui a réuni un millier de signatures, des représentants politiques et de la société civile pour la plupart, avec une part assez importante de femmes.
Ce document appelle la junte au pouvoir à préciser la date des prochaines élections pour le retour à une vie constitutionnelle normale.
Les Justes pour la défense du Faso dénoncent ainsi les discours de rupture de la junte au pouvoir qui seraient, selon eux, des choix populistes et une tentative de s’accaparer le pouvoir sur le long terme.
Ils alertent sur l’expansion de la violence des groupes armés, la morosité économique, l’instabilité politique et les atteintes à la liberté d’opinion.
Bilan négatif
Les promoteurs du mouvement tirent un bilan négatif de l’action de la junte et réclament un retour à la légalité constitutionnelle. Amadou Traoré est l’un des signataires du manifeste. Pour lui, « le chronogramme actualisé de la transition indique des conditionnalités pour la tenue des élections. Il va de soi que sans la reprise du territoire de l’emprise des groupes armés, les élections ne pourront pas se tenir. Mais c’est ensemble que nous pouvons œuvrer afin que les élections puissent se tenir à la bonne date. »
Dans un droit de réponse, l’écrivain et sociologue du développement durable, Adama Siguiré, s’interroge toutefois sur la motivation du mouvement des Justes car, selon lui, « il s’agit d’un groupe d’hommes et de femmes attachés à la démocratie française de par leur formation académique. Ce sont des idéalistes qui pensent que le développement se résume à l’organisation des élections et puis à la démocratie. Aujourd’hui, ce qui nous préoccupe, c’est la paix, c’est de récupérer nos villages et après cela nous verrons si on pourra organiser les élections ou pas. »
« La guerre n’appelle que la guerre »
La plateforme du mouvement se présente elle-même comme une force de contradiction et de défense de la Constitution. Pour Mariam Barry, signataire du manifeste, le pouvoir militaire doit rassurer les communautés burkinabè et éviter la surenchère militaire. D’après elle, « la situation au Burkina est alarmante. Le gouvernement doit nous rassurer plus et rassurer toutes les communautés. Il faut aller au dialogue avec tous les groupes armés parce que la guerre n’appelle que la guerre. »
Lancé au début de l’année, le manifeste des Justes pour la défense du Faso compte aujourd’hui un millier de signataires composés de partis et formations politiques, de personnalités et de mouvements de la société civile.
Il compte également un assez grand nombre de femmes sur un sujet où leurs voix sont encore largement absentes. (dw.com)