samedi, novembre 23, 2024
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APPEL DE SONKO AU « COMBAT FINAL » CONTRE LE RÉGIME DE MACKY SALL : La stratégie du lépreux

Au lendemain de son procès pour viol sur une employée d’un salon de massage dakarois, l’opposant sénégalais, Ousmane Sonko, a lancé, depuis la ville de Ziguinchor où il s’était retranché depuis une dizaine de jours, une « caravane » dite « de la liberté ». L’édile de la grande ville de la Casamance compte rallier par la route, Dakar la capitale, où se joue son avenir politique dans les différentes affaires judiciaires qui font planer sur sa tête, l’épée de son inéligibilité à la présidentielle du 24 février prochain. D’autant que, le 24 mai dernier, le parquet a requis contre lui, une condamnation à dix ans de réclusion criminelle dans l’affaire de viol, alors que son procès pour diffamation où il a écopé, en appel, d’une peine tout aussi rédhibitoire à ses ambitions présidentielles, attend de livrer son épilogue. Aussi, saisissant l’occasion du lancement de sa « caravane de la liberté » devant une foule complètement acquise à sa cause, le leader du PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), qui ne cesse de dénoncer une cabale politique visant à l’éliminer de la course au fauteuil présidentiel, a appelé ses partisans à la mobilisation dans la capitale pour « le combat final » contre le régime de Macky Sall.

Les carottes pourraient être bien cuites pour Sanko, si le juge devait suivre le parquet dans ses lourdes réquisitions

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tension ne faiblit pas au Sénégal autour des dossiers judiciaires de l’opposant Ousmane Sonko qui semble avoir trouvé dans la rue, le partenaire idéal pour se tirer d’une affaire bien embarrassante. Autrement, comment comprendre qu’une convocation en justice pour une affaire de mœurs, puisse prendre une telle proportion politique au point d’être aujourd’hui plus qu’une sérieuse menace pour la paix sociale ? En tout cas, en parlant de « combat final » à l’avant-veille du verdict du tribunal dont la décision est attendue le 1er juin prochain, dans l’affaire Adji Sarr, Ousmane Sonko semble bien conscient des risques qu’il encourt. D’autant qu’en choisissant de faire dans la désobéissance civile en décidant de ne pas se présenter devant la Justice pour se défendre, il savait qu’une telle posture pouvait être un couteau à double tranchant. Toujours est-il que ses avocats n’ayant pu obtenir le renvoi du procès et la Justice ayant choisi de le juger par contumace avec toutes les conséquences de droit qui vont avec, l’opposant se retrouve aujourd’hui dans une position bien délicate où sa défiance vis-à-vis de la Justice n’est pas loin de jouer contre lui. Et les carottes pourraient être bien cuites pour lui, si le juge devait suivre le parquet dans ses lourdes réquisitions. Est-ce cela qui aurait décidé l’opposant à quitter le confort du bouclier humain de ses partisans fortement mobilisés autour de son domicile à Ziguinchor pour aller à « l’assaut » de la capitale ? Quoi qu’il en soit, cet appel à la mobilisation générale de ses partisans pour le « thioki* », sonne comme un nouvel avis de tempête sur Dakar et fait craindre des lendemains incertains pour le Sénégal.

Avec ces propos pour le moins bellicistes de l’opposant, il faut craindre que ce dernier ne soit dans la logique du « ça passe ou ça casse »

Surtout qu’il s’annonce comme le baroud d’honneur d’un jeune loup politique aux dents longues, décidé à vendre chèrement sa peau. Mais jusqu’où ira Ousmane Sonko, dans le bras de fer qui l’oppose au président Macky Sall dont les intentions supposées ou réelles de troisième mandat, sont en train de faire oublier le motif des poursuites contre l’étoile montante de la politique sénégalaise ? Son appel à la mobilisation générale vise-t-il simplement à mettre la pression sur la Justice qui attend de donner son verdict dans cette affaire de viol ? L’opposant ira-t-il plus loin ? On attend de voir. Et le Sénégal retient son souffle, avec une météo politique qui s’annonce des plus exécrables dans les jours à venir. Quand on sait que cette affaire a déjà laissé, au bas mot, une quinzaine de macchabées sur le carreau, on peut légitimement nourrir des craintes quand viendra l’heure du verdict. Et avec ces propos pour le moins bellicistes de l’opposant, il faut craindre que ce dernier ne soit dans la logique du « ça passe ou ça casse ». Autrement dit, dans la stratégie bien connue du lépreux qui consiste à renverser la calebasse de lait pour que tout le monde soit perdant. Si c’est le cas, Ousmane Sonko file du mauvais. Le Sénégal n’a pas besoin de ça. C’est dire si aussi légitime que soit son combat contre le troisième mandat de Macky Sall, le jeune opposant n’a pas besoin de plonger son pays dans le chaos. En tout état de cause, le combat contre les velléités monarchistes supposées ou réelles de Macky Sall n’est pas le sien seul, mais celui de tout le peuple sénégalais. Et si le locataire du palais de la République est réellement dans le pari d’un troisième mandat, nul doute que le peuple sénégalais saura lui trouver, le moment venu, la réplique cinglante pour barrer la route à la forfaiture. Et ce combat doit se faire sur des bases saines, qui ne fragilisent pas les institutions qui restent, quoi qu’on dise, les piliers de la démocratie. Il y va de l’Etat de droit et de l’intérêt de la communauté.

(Le Pays)

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