Le débat sur la peine capitale est relancé en Tunisie, après le meurtre d’une femme de 29 ans. Le président Kais Saied s’est dit favorable à la peine de mort, qui fait l’objet d’un moratoire depuis près de trente ans dans le pays.
Le président tunisien Kais Saied s’est dit favorable à l’application de la peine de mort, qui fait l’objet d’un moratoire depuis bientôt trois décennies en Tunisie, à la suite du meurtre d’une jeune femme.
Quiconque tue une personne sans aucune raison mérite la peine de mort, a déclaré Kais Saied lors d’un conseil de sécurité, lundi 28 septembre, selon une vidéo mise en ligne par la présidence tunisienne.
Nous lui fournirons toutes les conditions de légitime défense, mais s’il est prouvé qu’il a tué une ou plusieurs personnes, je ne pense pas que la solution soit […] de ne pas appliquer la peine de mort, a-t-il ajouté, en allusion au meurtrier présumé.
Si la justice tunisienne continue à condamner régulièrement des gens à la peine capitale, notamment dans des affaires de terrorisme, un moratoire est appliqué de facto depuis 1991.
Le suspect impliqué dans une précédente affaire de meurtre
Un meurtre vient toutefois de relancer le débat : Rahma, 29 ans, disparue à la sortie de son travail, a été retrouvée la semaine passée près de l’autoroute entre la capitale Tunis et le quartier résidentiel de la Marsa.
Un suspect rapidement arrêté a fait des aveux, affirmant l’avoir tuée et avoir volé son téléphone, selon le ministère de l’Intérieur.
Il semble que le tueur (présumé, NDLR) avait déjà tué quelqu’un auparavant et avait été gracié, a encore commenté Kais Saied, sans en dire davantage.
Selon le ministère tunisien de la Justice, le suspect avait bénéficié d’un non-lieu dans une précédente affaire de meurtre.
Chaque société a ses choix, nous avons nos principes, et le texte est là, a ajouté le président, en référence à l’article 7 du Code pénal qui prévoit la peine capitale par pendaison.
Émoi sur les réseaux sociaux
Suite à l’émoi déclenché par ce meurtre, très commenté sur les réseaux sociaux, des ONG comme la Ligue des droits de l’Homme ont rappelé que la peine de mort était une atteinte aux droits qui n’avait pas de vertu préventive.
Lors de la campagne pour son élection en octobre 2019, Kais Saied, un universitaire néophyte en politique, avait défendu des positions socialement conservatrices, se positionnant notamment contre l’abolition de la peine de mort.
La Constitution tunisienne adoptée en 2014 et internationalement saluée, trois après la révolution, consacre le droit à la vie, mais n’a pas aboli la peine de mort. (OuestFrance)