samedi, novembre 23, 2024
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Mobilisation internationale pour libérer un enfant condamné pour blasphème au Nigeria

e sort d’Omar Farouq, un adolescent de 13 ans condamné à dix ans de prison pour blasphème par un tribunal religieux de l’État de Kano, au Nigéria, a ému jusqu’en Pologne. Le directeur du mémorial d’Auschwitz a imploré la grâce du président nigérian Muhammadu Buhari. Il a proposé de venir effectuer la peine de prison à la place de l’enfant accusé. 

Plus de 150 personnes, originaires d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord ont proposé de venir effectuer une peine de prison au Nigeria pour épargner le jeune Omar Farouq, condamné à dix années de détention pour blasphème par une cour religieuse de l’État de Kano, situé dans le nord du pays.

L’adolescent de 13 ans, incarcéré depuis février, avait insulté Dieu en public lors d’une dispute avec un ami. Dénoncé par un policier, il a été aussitôt emprisonné et jugé au mois d’août. Sa famille, quant à elle, a dû fuir son logement à cause des menaces de représailles.

Malgré la mobilisation internationale, l’enfant était encore derrière les barreaux mercredi 7 octobre, a indiqué son avocat Maître Kola Alapinni à France 24.

Le mouvement de solidarité pour la libération d’Omar Farouq a été lancé depuis la Pologne par Piotr Cywinski, le directeur du mémorial d’Auschwitz, qui s’est adressé directement au président nigérian. En 2018, il avait reçu à Auschwitz Muhammadu Buhari, qui s’était alors ému du sort des millions de juifs exterminés lors d’une visite de l’ancien camp tenu par les nazis.

Un musicien de 22 ans condamné à mort

Piotr Cywinski a demandé la grâce d’Omar Farouq. Si une grâce n’était pas possible l’historien a déclaré que lui et une centaine de volontaires étaient prêts à passer un mois dans une prison nigériane pour effectuer la peine de l’enfant. En tant que directeur d’un mémorial à un endroit « où les enfants ont été emprisonnés et assassinés, je ne peux pas rester indifférent à cette sentence honteuse pour l’humanité », a-t-il déclaré dans sa lettre à Muhammadu Buhari, publiée sur Twitter le 25 septembre. Un courrier resté sans réponse.

Selon le représentant de l’Unicef au Nigeria, Peter Hawkins, le jugement du tribunal islamique qui a condamné Omar Farouq “va à l’encontre de tous les principes fondamentaux des droits de l’enfant que le Nigeria, et donc l’État de Kano, s’est engagé à respecter”. Il rappelle que le pays a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant en 1991 et a voté une loi sur le droit des enfants en 2003.

La charia, ou loi religieuse islamique, est appliquée dans 12 des 36 États du Nigeria, ce qui soulève des questions sur la compatibilité des tribunaux chargés d’appliquer la loi islamique dans les zones musulmanes du pays et les juridictions laïques, deux systèmes judiciaires statuant en parallèle. Au regard de la charia, Omar Farouq a atteint la puberté, il est donc jugé en tant qu’adulte.

La Cour de Kano est particulièrement réputée pour sa sévérité. Cette même juridiction avait condamné à mort en septembre Yahaya Sharif-Aminu, un musicien de 22 ans, pour avoir partagé une chanson jugée blasphématoire sur WhatsApp.

Les deux cas sont liés, ils ont été jugés le même jour, par le même juge religieux. C’est d’ailleurs en déposant un recours pour le cas de Yahaya Sharif-Aminu que l’avocat Kola Alapinni a découvert qu’Omar Farouq était enfermé depuis plusieurs mois pour blasphème. Il s’est immédiatement saisi du dossier de l’enfant.

Un débat sur la laïcité au Nigeria

Réagissant à la lettre de Piotr Cywinski, Salihu Tanko Yakasai, un conseiller spécial du gouverneur de Kano, a déclaré que « la position du gouvernement de l’État de Kano reste la décision du tribunal de la charia », laissant peu d’espoir quant à une grâce locale pour Omar Farouq.

Pour Me Kola Alapinni le combat se fera en justice. Il a déposé un appel auprès de la plus haute juridiction de l’État de Kano. Selon lui, les tribunaux religieux n’ont pas de valeur pénale. Tout recours devra, a-t-il déclaré, être tenu dans des tribunaux laïques et s’il le faut, aller jusqu’à la plus haute autorité juridique du Nigeria. « À terme, notre objectif est de faire en sorte qu’il n’y ait plus d’interférence de l’État avec la religion au Nigeria », a-t-il expliqué à France 24.

Dans le pays, la condamnation des deux jeunes a déclenché un débat sur la laïcité dans un État divisé en deux zones religieuses, musulmane au Nord et principalement chrétienne au Sud. (France24)

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