Après un cours sur la liberté d’expression tenu par Samuel Paty, professeur d’histoire au collège, le père d’une élève, qui avait porté plainte, aurait appelé à la « mobilisation contre le professeur », a précisé, samedi, le procureur de la République antiterroriste, Jean-François Ricard, lors d’une conférence de presse.
Le procureur de la République antiterroriste, Jean-François Ricard, a donné, samedi 17 octobre, une conférence de presse au lendemain de l’assassinat du professeur d’histoire qui avait montré à ses élèves des caricatures de Mahomet à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. « C’est un enseignant qui a été agressé, mais aussi la liberté d’expression. Cela confirme le très haut niveau de la menace terroriste islamiste à laquelle nous devons faire face », a débuté le procureur.
La police nationale a identifié, vendredi 16 octobre, peu après 17h, l’agresseur présumé « à quelques centaines de mètres du corps découvert ». « L’homme a couru vers les forces de l’ordre en tirant à cinq reprises avec une arme de poing. Trois des policiers ont riposté, entraînant la chute de l’assaillant. Alors qu’il tentait de se relever et de donner des coups de couteau, il a été neutralisé par les forces de l’ordre », a indiqué le procureur. L’assaillant avait enregistré dans son téléphone son texte de revendication ainsi que la photographie de la victime.
Une « mobilisation contre le professeur »
Le meurtrier présumé, un Russe tchétchène né à Moscou en mars 2002, « bénéficiait du statut de réfugié et était inconnu des services de renseignement ». L’homme n’a jamais été condamné, mais était toutefois connu pour des affaires de « dégradation de biens publics et de violence en réunions ». Des faits lors desquels il était encore mineur.
Le procureur est également revenu sur le contexte du cours donné par le professeur assassiné, Samuel Paty, sur la liberté d’expression. « Un débat avait été organisé sur la publication des caricatures de Mahomet […] dès le 7 octobre au soir, le père de l’une des élèves publiait sur son compte Facebook un récit des faits faisant état de la diffusion d’une image du prophète nu et appelait à la mobilisation contre le professeur. »
Le lendemain, « le père de l’élève accompagné d’un second individu, ont été reçus par la responsable de l’établissement. Et ils ont exigé devant la principale le renvoi du professeur. Le soir même, le parent publiait sur son compte Facebook un texte dans lequel il nommait le professeur et incitait à ‘dire stop » », a complété le procureur.
Une plainte pour « diffusion d’image pornographique »
Le père s’est ensuite rendu au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine, accompagné de sa fille, pour porter plainte pour « diffusion d’image pornographique ». L’élève a indiqué que l’enseignant, préalablement à son exposé, avait demandé aux élèves musulmans de lever la main et de sortir de classe.
Une affirmation contestée par le professeur qui aurait, en revanche, proposé à ses élèves de ne pas regarder les dessins, « dans l’hypothèse où ils auraient pu être heurtés », rapporte le procureur. L’enseignant a ensuite déposé plainte pour « diffamation publique ». La principale du collège a fait état d' »appels [téléphoniques] menaçants » dans l’établissements à la suite de ce cours.
Pour l’heure, neuf personnes sont placées en garde à vue, dont le père de cette élève. « Il est à noter que la demi-sœur de cet homme avait rejoint l’État islamique en Syrie en 2014 », a également indiqué le procureur. Les investigations prochaines devront permettre de « préciser l’emploi du temps de l’auteur [présumé des faits] dans les jours qui ont précédé les faits et le déroulement exacte du crime », a conclu le procureur. (France24)