Premier pays d’Afrique noire à accéder à l’indépendance en 1957, le Ghana a connu bien des péripéties avant que la démocratie ne s’installe.
Alors que les Ghanéens sont encore convoqués aux urnes pour élire celui qui va présider aux destinées de l’État les quatre prochaines années, il convient de faire un résumé des moments marquants de l’évolution de ce pays. Aujourd’hui présidé par Nana Akufo-Addo, ce pays, à la pointe d’une dynamique de retour physique de la diaspora en Afrique et de réveil mémoriel, n’est rien moins que la deuxième puissance économique d’Afrique de l’Ouest, juste derrière le Nigeria.
6 mars 1957 : l’ex-Gold Coast ouvre la voie des indépendances de l’Afrique noire
Devenue indépendante au sein du Commonwealth, après plus de 80 ans de colonisation britannique, l’ex-Gold Coast fait figure de pionnière. D’abord parce qu’après la Libye en 1951, la Tunisie et le Maroc en 1956 qui ont ouvert la voie pour le Maghreb, elle est le premier territoire colonisé d’Afrique noire à s’affranchir de la tutelle coloniale.
Ensuite, parce que son principal leader à l’indépendance, Kwame Nkrumah, est l’une des figures de proue du panafricanisme. Rebaptisée Ghana, la Gold Coast est devenue une République sous l’autorité de son Premier ministre Kwame Nkrumah grand partisan d’un « socialisme africain ». De 1961 à 1964, il a échappé à plusieurs attentats après avoir imposé de sévères mesures d’austérité. De s’être livré à une forte répression contre l’opposition lui coûtera son poste à la suite d’un coup d’État.
De la succession de coups d’État à l’instauration de la démocratie
Le renversement de Kwame Nkrumah en 1966 ouvre une longue séquence de coups d’État pour le pays. Le 4 juin 1979, le capitaine d’aviation John Jerry Rawlings renverse le général Frederick Akuffo. S’ensuit une politique dite de « nettoyage » avec l’exécution de plusieurs généraux. En septembre, il cède le pouvoir à un président démocratiquement élu, Hilla Limann. Cependant, dès fin 1981, Rawlings reprend le pouvoir lors d’un nouveau coup d’État. Il faudra attendre 1992 pour le voir confirmé à la tête de l’État à la suite d’une présidentielle démocratique organisée quelques mois après l’instauration du multipartisme.
John Jerry Rawlings sera réélu en 1996 avant de passer démocratiquement la main à John Kufuor en 2000. Pour être élu président, John Kufuor, du Nouveau Parti patriotique (NPP, opposition), a dû batailler contre John Atta Mills, du Congrès national démocratique (NDC). Celui-ci va lui succéder huit ans plus tard, mais mourra avant la fin de son mandat. En 2012, le vice-président John Mahama, qui avait été propulsé à la tête de l’État après la mort subite de John Atta Mills, remporte la présidentielle. Il va rester au pouvoir jusqu’en décembre 2016, moment où il sera défait par Nana Akufo-Addo du NPP et qui va promettre au président de relancer l’économie et d’éliminer la corruption au sein des institutions.
La visite d’Obama : un moment symbolique fort
Le 11 juillet 2009, accueilli au Ghana pour sa première visite officielle en Afrique avec une immense ferveur populaire, le premier président noir des États-Unis, Barack Obama, appelle le continent à prendre en main son destin et visite un ancien fort, symbole de la traite négrière en Afrique de l’Ouest.
Boom pétrolier stoppé
En décembre 2010, le Ghana commence à extraire du pétrole brut après la découverte d’importants gisements offshore. Cela va permettre un regain de croissance et porter le pays au rang d’économie émergente, éveillant l’intérêt des investisseurs étrangers. Un coup d’arrêt intervient cependant en 2014 quand la Côte d’Ivoire accuse le Ghana d’empiéter sur ses eaux territoriales. Il aura fallu attendre septembre 2017 pour que le tribunal international du droit de la mer donne raison au Ghana dans ce différend frontalier.
La corruption, un mal qui fait scandale
En 2013, le président Mahama lance un code d’éthique pour les ministres et les fonctionnaires pour lutter contre la corruption. En décembre 2015, vingt juges et une centaine de membres du personnel de justice sont filmés par le célèbre journaliste d’investigation ghanéen Anas Aremeyaw Anas en train d’accepter des pots-de-vin pour rendre des jugements ou pour accorder des postes. Vingt juges et magistrats de première instance sont limogés à la suite de cette affaire. En juin 2016, M. Mahama lui-même est accusé d’avoir reçu une voiture en contrepartie d’un contrat lucratif. Il qualifie de « rumeurs sans fondement » les accusations de l’opposition. Il sera dédouané.
Face au Covid-19, la crise économique
Le Ghana met en place des mesures de confinement parmi les plus strictes de la région ouest-africaine pour lutter contre la propagation du coronavirus. Résultat : sur 52 096 cas confirmés, le pays n’a enregistré que 327 décès. Côté économie, cette année, la croissance du pays devrait tomber à 0,9 %, selon le FMI, soit le taux le plus bas depuis plus de 30 ans, contre 6,5 % en 2019.
Démission du procureur anticorruption
Preuve que la question de la corruption est loin d’être réglée, en novembre, à trois semaines de la présidentielle où John Dramani Mahama et Nana Akufo-Addo s’affronteront dans les urnes pour la 3e fois, le procureur anticorruption Martin Amidu a démissionné. Il accuse le président d’avoir tenté de lui faire enterrer un rapport explosif sur une société offshore créée par le gouvernement pour gérer les redevances minières. La présidence dément toute ingérence, mais on voit bien que le dossier de la corruption demeure toujours explosif. (lepoint.fr)