C’est le deuxième haut fonctionnaire condamné à la peine de mort pour corruption en Chine. Lai Xiaomin, 59 ans, a été reconnu ce mardi 5 janvier 2020 coupable d’avoir obtenu 215 millions d’euros de pot-de-vin. L’ancien patron du conglomérat financier China Huarong était aussi accusé de bigamie.
La sanction est à la hauteur de l’affront, car le scandale Huarong Asset Management marque aussi la fragilité du système de contrôle des institutions financières en Chine. À la tête de l’un des plus grands gestionnaires de créances douteuses mis en place par le gouvernement, Lai Xiaomin était censé contribuer à l’assainissement du secteur bancaire. Or l’ancien grand patron n’a pas montré l’exemple, c’est le moins qu’on puisse dire. Dans son jugement, le tribunal populaire intermédiaire n°2 de Tianjin décrit un homme qui n’a « aucun respect pour la loi et extrêmement avide. »
Plein les armoires
Le communiqué évoque aussi des « montants extrêmement importants, ainsi que des circonstances particulièrement graves et des intentions extrêmement malveillantes ». L’intéressé assure n’avoir pas dépensé un yuan, mais à en croire les enquêteurs, son bonheur était d’en avoir plein les armoires : des images de liasses de billets stockés dans un appartement transformé en coffre-fort ont été diffusées lorsque son arrestation a été rapportée par les médias d’état. Contraint à des confessions cathodiques, comme à chaque fois qu’un haut responsable se retrouve devant les juges, le prévenu voit ce qui est considéré comme la preuve de son amoralité exposée en public.
Bigamie
Regard baissé, encadré par deux policiers plus grand que lui, Lai Xiaomin a également été reconnu coupable « d’avoir vécu avec d’autres femmes », en dehors de son mariage, dont il a eu des enfants illégitimes. Lai avait plaidé coupable de tous les chefs d’accusation en août lors de son procès l’été dernier. Sa condamnation à mort n’a pas été assortie de sursis. Sauf changement, il pourrait donc être le premier condamné pour corruption à être exécuté depuis une décennie en Chine, et les exécutions des anciens maires des riches villes de Hangzhou et de Suzhou sur la côte Est en 2011. (rfi)