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Covid-19. Etat des lieux des vaccins en Afrique

Pfizer, Moderna, AstraZeneca… la course aux vaccins contre le Covid-19 dans le monde s’accélère, une course qui ne laisse pas l’Afrique indifférente. Si l’heure n’est pas encore à la vaccination, plusieurs pays africains, ont déjà commencé à expérimenter des vaccins-candidats en vue d’une campagne d’immunisation de masse, à l’instar du Maroc, de la Guinée en passant par l’Afrique du Sud.

Dans l’attente du démarrage de la vaccination et pour barrer la route à la Covid-19, les pays africains s’organisent. Le Maroc, qui doit encore valider la mise sur le marché de deux vaccins potentiels, mène des campagnes de sensibilisation auprès de sa population depuis quatre mois.

« Le corps médical est unanime sur l’intérêt de la vaccination », déclare à RFI Allal Amraoui, chirurgien et député à Fès à l’est de Rabat. « C’est une tradition. Le Marocain ne va pas découvrir le vaccin, un Marocain fait vacciner ses enfants, moi-même mes enfants ont reçu une douzaine des vaccins », précise le médecin qui dirige également un centre de recherches sur les politiques de santé.

AstraZeneca en peloton de tête

Le Maroc a commandé 25 millions de doses du vaccin britannique AstraZeneca et 40 millions de doses du vaccin chinois Sinopharm. Deux vaccins, qui selon Amraoui, sont plus en phase avec les réalités marocaines et plus largement africaines.

« Ce sont des vaccins classiques que le Maroc connaît bien. Ils peuvent être conservés à des températures de 2 à 8 degrés, et on a les moyens de les déployer un peu partout, même au fin fond du pays », a-t-il déclaré.

Ces questions logistiques ont également dicté le choix de l’Ouganda pour le vaccin AstraZeneca, qui vient d’être homologué par le Royaume-Uni.

Dispositif Covax

Pour financer l’acquisition de doses, Kampala mise sur le dispositif Covax, piloté par l’alliance internationale GAVI. Créé par l’organisation mondiale de la santé (OMS), ce mécanisme a pour but de vacciner 20 % des personnes les plus vulnérables dans 92 pays à faibles revenus.

Le prix du vaccin varie entre 20 et 30 dollars pour les plus sophistiqués. Et à raison de deux doses par personne, cela devient vite très cher. Un coût mitigé par le dispositif Covax.

« Le dispositif Covax fournit environ 136 millions de dollars et l’État ougandais contribue à hauteur de 10 millions de dollars », explique Misaki Wayengera, président du comité consultatif scientifique pour le ministère de la Santé en Ouganda.

« Cet argent est utilisé pour la première phase de vaccination destinée à 9 millions d’Ougandais. Pour la deuxième phase, il incombera au gouvernement de fournir les 136 millions de dollars et, pour cela, nous comptons sur le soutien du secteur privé » ajoute-t-il.

Retards, accords bilatéraux

Deux milliards de doses sont attendues, mais elles tardent à venir. En attendant la livraison, prévue en mars prochain, certains États n’hésitent pas à négocier directement avec les principaux fabricants pour obtenir des doses de vaccins plus rapidement, suscitant une guerre d’influence entre les puissances mondiales.

« Certains pays africains se réorientent vers la Chine et la Russie pour avoir des vaccins en jouant sur la carte géopolitique », raconte Mamady Traoré, médecin et référent vaccination et réponses aux épidémies au sein de l’ONG Médecins sans Frontières.

La Guinée est récemment entrée dans la course en obtenant 60 doses du vaccin russe Spoutnik 5. Ailleurs, l’Afrique du Sud, durement touchée par la pandémie, mène des essais cliniques avec le vaccin américain Johnson & Johnson. « Aujourd’hui, il y a environ 40 pays qui ont travaillé sur leurs plans de préparation et d’introduction de vaccins et qui sont aujourd’hui prêts à pouvoir vacciner leurs populations dès que les premiers vaccins seront disponibles pour l’Afrique », rajoute Mamady Traoré.

Processus de validation

Cela passe d’abord par un processus de validation par les agences de santé du pays en question et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« Le critère majeur reste sans doute l’innocuité et surtout l’efficacité du produit donc on regarde d’abord si le produit est inoffensif », explique Docteur Richard Mihigo, responsable des urgences et des vaccins au bureau de l’OMS Afrique à Brazzaville, en ligne depuis Kigali. « Le but c’est d’avoir un vaccin qui protège mais ne crée pas d’autres problèmes. »

L’OMS a recommandé le vaccin Pfizer/BioNTech, déjà utilisé par plusieurs pays. « Pour tout le reste, que ce soit le vaccin russe, chinois et tous les vaccins qui sont en dernière phase d’essai clinique, nous n’avons pas encore suffisamment de données pour certifier leur efficacité et leur innocuité », ajoute Richard Mihigo.

Un transfert de technologies encore lent

Si certains pays conditionnent déjà le vaccin, il n’y a pas encore de transfert de technologies. La formule est gardée bien secrète par les Chinois, les Russes et d’autres pays fabricants, regrette M. Traoré de MSF.

« Il n’y a pas de transparence en ce qui concerne les accords bilatéraux entre les pays et les firmes pharmaceutiques », se plaint-il, tout en appelant les pays africains à promouvoir un assouplissement des règles de propriété intellectuelle. À la clé : un meilleur accès aux médicaments, équipements et tests de Covid-19, permettant de sauver plus de vies. « À partir de ce moment-là, l’Afrique pourrait espérer avoir son propre vaccin. » (rfi)

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