Le ministre du commerce russe a déclaré lundi que trois entreprises biomédicales seront en mesure de produire un vaccin dès septembre de manière industrielle.
La Russie a assuré lundi qu’elle serait prochainement en mesure de produire par mois des centaines de milliers de doses de vaccins contre le nouveau coronavirus et « plusieurs millions » dès le début de l’année prochaine.
Selon le ministre russe du Commerce Denis Mantourov, trois entreprises biomédicales seront en mesure de produire dès septembre et de manière industrielle un vaccin développé par le laboratoire de recherches en épidémiologie et microbiologie Nikolaï Gamaleïa.
« Selon les premières estimations (…) nous pourrons fournir dès cette année plusieurs centaines de milliers de doses de vaccin par mois, puis par la suite jusqu’à plusieurs millions en début d’année prochaine », a-t-il précisé à l’agence publique TASS.
Homologation officielle « d’ici dix jours »
Le chef du Fonds russe des investissements directs, impliqué dans le développement, a indiqué lundi que l’homologation officielle du vaccin devrait être chose faite « d’ici dix jours ».
« Nous seront devant non seulement les États-Unis, mais aussi d’autres pays. Il s’agira du premier vaccin contre le coronavirus homologué », a indiqué Kirill Dmitriev à la télévision.
La Russie travaille depuis des mois, comme de nombreux autres pays dans le monde, sur plusieurs projets de vaccins contre le Covid-19. Celui mis au point par le centre Gamaleïa l’est en collaboration avec le ministère de la Défense.
Le ministère s’est vanté lundi dans un communiqué d’essais cliniques sur des militaires ayant « clairement montré une réponse immunitaire apparente » face au nouveau coronavirus, « sans effets secondaires ou anomalies ».
Ce vaccin est à vecteur viral, c’est-à-dire qu’il utilise comme support un autre virus qui a été transformé et adapté pour combattre le Covid-19. Il utilise l’adénovirus, une technologie également choisie par l’université d’Oxford.
Des chercheurs ont toutefois exprimé leur préoccupation face à la rapidité de la mise au point des vaccins russes, en estimant que les certaines étapes pourraient être sautées afin d’accélérer le travail sous pression des autorités, qui ont comparé cette course au vaccin au lancement par l’URSS en 1957 du premier satellite artificiel, Spoutnik.
Doutes sur la sécurité du vaccin
Vitali Zverev, professeur et chef de laboratoire à l’institut de recherches Metchnikov, a estimé auprès de l’AFP qu’il était bien trop tôt pour homologuer un vaccin qui n’a pas été suffisamment testé pour s’assurer de sa sécurité.
« Il est impossible de s’assurer de la sécurité d’un vaccin lors d’un laps de temps tel que celui qui nous sépare du début de la pandémie », a-t-il expliqué, ajoutant que les entreprises biomédicales russes devant produire le vaccin n’y étaient pas habituées, et encore moins à la technologie avancée devant être utilisée.
Des scientifiques du centre Gamaleïa avaient été critiqués en mai pour s’être personnellement injecté leur prototype de vaccin, une méthode en rupture avec les protocoles habituels destinée à accélérer le processus scientifique au maximum.
Jusqu’ici, la Russie n’a pas publié d’étude détaillée des résultats de ses essais permettant d’établir l’efficacité des produits qu’elle dit avoir développé.
Un deuxième prototype de vaccin est conçu au Centre étatique de recherches Vektor, en Sibérie, et dont les premières doses sont attendues au mois d’octobre, selon les autorités.
La Russie, au quatrième rang mondial pour le nombre des contaminations après les Etats-Unis, le Brésil et l’Inde, a proclamé dès avril sa volonté d’être parmi les premiers pays, voire le tout premier, à créer un vaccin contre le virus. (Bfm.tv)